Parce qu'il a construit sa réputation et sa fortune sur le seul personnage de Hannibal Lecter, Thomas Harris n'a jamais daigné lâcher ce tueur cannibale ô combien sympathique. Après Le sixième sens, Le silence des agneaux, Hannibal et Dragon rouge, Harris nous expose les "origines du mal" avec une totale absence de sincérité. Dès le départ, le film de Peter Webber sent le commerce à plein nez. Comme si le personnage de Lecter ne suffisait pas à remplir un film entier, Les origines du mal nous offrent quelques nazis pas recommandables (pléonasme), un peu de philosophie asiatique et une histoire d'amour meurtrie. Ainsi donc, c'est comme cela que Lecter est devenu Lecter? La déception est rude.
A l'époque de Hannibal, Jodie Foster avait refusé de reprendre le rôle de Clarice Starling, arguant que l'auteur avait bousillé la psychologie de son personnage. A présent, il semblerait qu'il ait fait de même avec son Hannibal. Ni très intelligent, ni très sadique, le jeune Lecter est un gamin gominé dont la seule arme est un rictus digne du Joker. Pas vraiment à sa place, Gaspard Ulliel manque singulièrement de charisme pour tirer quoi que ce soit d'un tel rôle. Et l'on se contente pendant deux heures de le voir accomplir une vengeance bien banale, si ce n'est des relents de cannibalisme et quelques exactions savamment exécutées.
Plus on avance dans la saga Lecter, plus les films sont mauvais. Plus on avance dans ce prequel, plus on s'enfonce dans le grand-guignol. Webber, irréprochable filmeur de La jeune fille à la perle, semble se rendre compte (mais un peu tard) que son film est à la fois moche et risible ; d'où une fin encore plus ridicule, dans laquelle il tente de faire passer son film pour une gigantesque tentative de second degré. Pas dupe, on sort de Hannibal Lecter épuisé par tant de médiocrité, espérant sincèrement que la saga Lecter s'arrêt là. C'est pas gagné.
2/10
DIAMANT BRUT
Il y a 1 jour
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