19 janv. 2007

PINGPONG

Paul, 16 ans, débarque sans prévenir chez son oncle et sa tante pour y passer des vacances. Voilà un résumé qui ne rend pas du tout justice à Pingpong, troisième film (mais premier à sortir chez nous) de Matthias Luthardt, et nouvelle preuve que le cinéma allemand est en train de renaître de ses cendres.
On ne peut pas se tromper : par la rigueur de son cadre, la froideur qu'il dégage et sa photographie sans chichis, Pingpong ne peut être qu'un film allemand. On pense à Haneke, la radicalité en moins, et surtout au Pasolini de Théorème, où déjà un personnage extérieur venait rompre l'équilibre apparent d'un cercle familial. Pingpong se distingue par une distanciation perpétuele, où le malaise et la jubilation tendent à se rejoindre. On sent l'implosion imminente, et on la craint autant qu'on l'espère. Pervers à souhait, Matthias Luthardt sait brouiller les pistes et semer çà et là des symboles légers commes des plumes mais pourtant bien présents. Pas un hasard si le jeune Paul trouve si souvent refuge dans la piscine qu'il est en train de rénover. Pas un hasard non plus s'il aime tout particulièrement cracher un peu partout. Et que dire du fait que c'est au chien que la seule femme de la maison donne toute son affection...
Dans Pingpong, il arrive que les personnages tapent la balle, façon pour eux de libérer la pression accumulée au cours de journées souvent tendues. Mais le ping-pong est également verbal et psychologique, avec une inversion fréquente des rapports de force entre les personnages. Résultat : si l'on se doute bien que tout ça va mal finir, on ne sait pas comment, ni en faveur de qui. Cruel sans être violent, doucement laconique, le dénouement trouvé par l'auteur-réalisateur est une merveille de précision et de finesse. À travers ce film, c'est toute la société allemande qui prend un coup dans l'aile. Le cinéma germanophone, lui, de Hans-Christian Schmidt à Ülrich Koehler en passant par Matthias Luthardt, n'en finit plus d'aller mieux.
8/10
(sortie le 24 janvier)

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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