Il fut un temps où Takeshi Kitano était acteur comique à la télévision japonaise. Il fut un temps où il était le réalisateur acclamé de films souvent violents mais bouleversants, prenant souvent pour héros des hommes seuls et solitaires, éléments du portrait du cinéaste.
Aujourd'hui, Kitano revient, et il passe la vitesse supérieure. Avec Takeshis', il a voulu faire à la fois son Mulholland drive, son Huit et demi, et surtout son intéressant. Car au premier degré, on ne comprend strictement rien à ce Takeshis' décousu et débridé qui fait se rencontrer plusieurs personnages nommés Takeshi Kitano, insère des images de guerre et des chenilles numériques sans vouloir rien raconter.
Le deuxième ou le troisième degré ne permettent pas davantage d'apprécier Takeshis'. Il faut un humour débordant et une patience à toute épreuve pour parvenir enfin à goûter les quelques délices que procure le film. Si le gloubi-boulga onirico-filmique de Kitano ne devient jamais convaincant dans son ensemble, il émerge quelques scènes, quelques fragments d'idées, quelques jeux de miroirs qui font regretter ce qu'aurait pu être Takeshis' si Kitano s'était moins pris au sérieux.
On sent ici un désir forcé de faire l'auteur pour faire l'auteur. Seulement, de nombreuses scènes semblent avoir été écrites dans un seul objectif : faire dans l'incompréhensible pour susciter l'admiration des publics élitistes. N'est pas Lynch ou Weeraseethakul qui veut : encore faut-il avoir un vrai univers, pas une simple envie d'égarer tout le monde en route. D'autant que côté mise en scène, Kitano n'a à aucun moment la classe de ses modèles.
D'après Kitano, Takeshis' sonne le glas (temporaire?) de ses films simples et beaux. Monsieur veut faire l'auteur. On lui souhaite bonne chance.
4/10
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Il y a 8 heures
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