Après s'être sérieusement pris la tête avec les frères Weinstein sur Les frères Grimm, Terry Gilliam souhaitait à tout prix renouer avec l'indépendance et la liberté de ton qu'il revendique depuis le début de sa carrière. Cinéaste délirant, Gilliam a su se créer un univers, que ce soit à partir de ses propres scénarios ou en se basant sur les histoires des autres.
Tideland apparaissait donc comme un retour aux sources, une occasion de voir à nouveau un film purement gilliamesque, huit ans déjà après son dernier "vrai" film. Basé sur un roman de Mitch Cullin, Tideland raconte la vision du monde de Jeliza-Rose, petite fille sévèremment barrée, qui prépare elle-même les shoots à l'héro de son père et fait sans doute la même chose pour sa mère. Enfin, ça, ce n'est que le début, puisqu'après quelques péripéties, Jeliza-Rose va se retrouver à peu près seule, à la découverte d'un nouvel univers où les prairies sont vues comme des océans, où les poupées et les écureuils parlent, et où les morts continuent à cotoyer les vivants (mais pas vraiment comme chez Romero).
Tout cela est donc un énorme trip, un délire gigantesque, et on retrouve la patte de Gilliam à chaque coin de plan. Le problème, c'est que Terry a sévèrement vieilli, et qu'il a confondu une fois de plus loufoquerie et grand n'importe quoi. On reste totalement extérieur à ce voyage dont l'incohérence ne serait pas bien gênante s'il y avait quelque chose derrière. Mais toute cette folie semble si forcée que la seule réaction obtenue est l'ennui dévorant.
Nécrophilie, semblants de pédophilie, drogue, aérophagie : c'est comme si en écrivant son script, Gilliam avait toujours gardé un oeil sur le Dictionnaire des Mots Choquants. Il le dit lui-même : son grand objectif était ici de choquer, de faire réagir, que ce soit de manière positive ou négative. Il n'en est rien : l'absence totale de sincérité ne provoque que l'indifférence. Et quand, vers la fin du film, il tente de reprendre les rênes en main pour donner une conclusion un brin cohérente et dramatique, on s'en moque.
La prochaine fois, que Gilliam cherche un vrai sujet, une vraie histoire, pour y fixer la folie visuelle dont il est capable. Ce n'est pas le cas de Tideland, boursouflure filmique où même la mise en scène n'ébouriffe pas grand monde. Gilliam serait-il trop vieux pour ces conneries?
2/10
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