Si ma tante en avait, on l'appellerait mon oncle. Voilà pourquoi Bree, qui s'appelait auparavant Stanley, voudrait bien se faire enlever une bonne fois pour toute la seule partie masculine qui lui reste. Mais pour obtenir l'aval de sa psy, Bree doit d'abord accepter de rencontrer Toby, le fils qu'elle a eu lorsqu'elle était encore un homme...
Ni comédie transgenre ni drame plombant, Transamerica est un road-movie charmant et émouvant sur la rencontre et le parcours chaotique de deux êtres complètement paumés. Bree, récemment devenue femme, pénétrée par un malaise permanent, est persuadée que se faire trancher la virilité la rendra enfin épanouie. Et Toby, un peu junkie et un peu tapineur, rêve de monter à Hollywood pour tourner des porno gays. Etonamment, Transamerica n'est pas un drame sordide. On y rit parfois, sans être jamais très sûr d'avoir le droit. Le réalisateur Duncan Tucker n'hésite pas à se moquer de ses personnages, mais toujours avec tendresse. Résultat : un trip initiatique bourré d'excellents moments. Et si la fin est éminemment positive, il ne se vautre jamais dans une happy end complainsante et aveugle : après deux heures de film, s'ils se sont trouvés, les personnages n'ont résolu quasiment aucun de leurs problèmes.
Mais la relative réussite de Transamerica est surtout due à son interprète principale, la géniale Felicity Huffman, dont c'est la premier rôle important au cinéma. Elle parvient à donner à Bree une véritable authenticité : on sent dans sa voix, ses gestes et son visage que le mâle n'a pas disparu bien loin et qu'il est prêt à reparaître à n'importe quel moment. Une prestation mémorable qui récompense des semaines de travail (mais lorsqu'on voit le résultat, on ne pense pas à ce "travail" : on est pris par le personnage, c'est tout).
Avec une interprète hors pair et un traitement délicat et pas putassier pour deux sous, Duncan Tucker a réussi son premier film.
7/10
DIAMANT BRUT
Il y a 1 jour
Laissez le premier commentaire sur “TRANSAMERICA”
Enregistrer un commentaire