26 mai 2006

MARIE-ANTOINETTE

La solitude, ça n'existe pas? Si, ça existe. Et quand une jeune autrichienne de quatorze ans doit quitter famille, amies et oripeaux pour devenir une vraie Française, ça fait mal. Marie-Antoinette raconte l'histoire d'une femme que la royauté n'empêche pas de se sentir cruellement seule.
Très drôle, le début du film confronte Marie-Antoinette aux traditions en tous genres, et à un protocole ridicule mais inévitable. Cela donne lieu à de jolies scènes de comédie, tout comme les passages sur le désintérêt total du futur Louis XVI pour la bagatelle. Le pouvoir n'empêche pas de bander mou.
Peu à peu, le tableaux s'assombrit. La solitude se fait de plus en plus grande, l'entourage pressant, les messes basses se multiplient... Là, malgré une grande beauté formelle, le film n'échappe pas à un certain classicisme, suscitant un ennui poli. Sofia Coppola n'a pas su capter de façon permanente les tourments d'une reine perdue. Son film est inondé de brefs éclairs de génie et de beauté pure, mais l'ensemble reste trop timoré pour convaincre vraiment.
La grande réussite de Marie-Antoinette réside dans son côté pictural. Les images, belles comme des tableaux et toujours savamment pensées, font penser à celles du Barry Lyndon de Kubrick. Rien de moins. La mise en scène, ainsi que la bande originale (rock, efficace et cohérente), concourrent à faire de Marie-Antoinette un film "différent". Ainsi, il n'a rien d'un film historique. Sofia Coppola se moque bien de l'Histoire, et très peu d'évènements extérieurs au château de Versailles sont contés. Hormis, bien sûr, la prise de la Bastille, vue comme un déchirement total pour une jeune reine qui commençait enfin à trouver sa place. Marie-Antoinette reste toujours dans le cadre de l'intime, et c'est très bien comme ça.
Pour donner du corps à des personnages aussi connus, Coppola a trouvé un savant dosage entre acteurs à la mode et valeurs sûres. Si Kirsten Dunst est très convaincante, deux comédiens lui ravissent la vedette dès qu'ils apparaissent : Judy Davis, méconnaissable en responsable du protocole pète-sec, et Jason Schwartzman, impérial dans le rôle de Louis XVI, un roi pas sûr de lui pour deux sous et qui se demande bien ce qu'il a fait pour mériter cela.
Sans atteindre le statut de grand film de ses deux précédents films, Sofia Coppola a en partie réussi son pari, celui de faire de Marie-Antoinette une héroïne à hauteur humaine, avec de vraies préoccupations et des attitudes de simple mortelle.
7/10

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