Ça commence plutôt bien. Quelques plans vertigineux, une ambiance dépressive dès le prégénérique, une action vite lancée. On entre rapidement dans Silent Hill (la ville et le film). Très vite, on comprend que Silent Hill est un jeu vidéo filmé. Les personnages ne sont pas guidés par ce qu'ils font par par là où ils vont, et les vrais héros du film sont les décors, magnifiques et angoissants. Comme Silent Hill est le personnage principal de Silent Hill, on serait presque content que les acteurs soient si transparents (à commencer par Radha Mitchell) : ainsi, on peut s'immerger totalement dans cet univers glauque et poussiéreux. Des longueurs et des personnages mal exploités n'y changent rien : le début de Silent Hill fascine, davantage à la manière d'une jolie oeuvre d'art que comme un film. Une errance motivée par un but précis (retrouver une petite fille) mais surtout destinée à s'imprégner de cet univers.
On se serait quasiment contenté ce la première heure et demie, trip légèrement horrifique d'une grande beauté plastique, dominé par un travail du son époustouflant. Peinture, sculpture, art contemporain : Silent Hill est une visite dans un bien étrange musée, terriblement fascinant. Par endroits, on pense à Matthew Barney ou Peter Greenaway. Dommage que les scènes avec Sean Bean nous fassent sortir de ce monde si captivant : pas loin d'être inutiles, elles font de plus retomber un soufflé très fragile.
Arrive le dernier tiers, et le soufflé retombe, laissant s'échapper des litres et des litres de vide. Gans livre une série de scènes explicatives à souhait, oubliant bizarrement que l'intérêt d'une errance, c'est quand ses tenants et aboutissants restent troubles dans le crâne et les yeux des protagonistes et des spectateurs. On dirait que soudain, Avary et Gans ont voulu se faire plus hollywoodiens, pour que Silent Hill soit estampillé "flippant mais tout public". Erreur fatale. Soudain, Christophe Gans semble se resaisir, voit qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps pour convaincre, et décide de passer à la vitesse supérieure. Manque de bol, sa chasse aux sorcières est ridicule et fait dans la surenchère la plus grotesque. À l'image de la dernière partie du Pacte des loups, où il sabordait son film en fin de course, pris par son désir d'entertainment absolu et dans un jusqu'auboutisme assez navrant.
Silent Hill est un échec vraiment dommageable : il y avait tout pour faire un excellent film d'ambiance. Par excès d'orgueil et de discernement, Christophe Gans et Roger Avary ont en partie raté leur pari.
5/10
DIAMANT BRUT
Il y a 1 jour
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