ROMANZO CRIMINALE

Dans les années 70, de jeunes loups tentèrent de s’emparer de Rome. Romanzo criminale – le roman, puis le film – s’inspire de leur histoire. En préambule, un carton insiste sur ce point. Toute ressemblance avec des personnes existantes n’est donc par fortuite, mais aucun personnage n’existe « vraiment ». Vrai film de genre, empruntant à Howard Hawks, Sergio Leone et Martin Scorsese, – d’ailleurs Stefano Accorsi ressemble étrangement à DeNiro jeune – Romanzo criminale est un film de gangsters à l’ancienne, divertissant et dense, mêlant mafia et politique. Car sans aller jusqu’à dire que nous sommes en présence d’un film politique, Romanzo criminale a l’intelligence de faire le lien entre les actes de ses héros et la réalité de la politique italienne (l’enlèvement d’Aldo Moro, un attentat à Bologne). Là où 36 quai des orfèvres, l’archétype du polar français actuel, restait ancré dans un carcan tout public bien propret, sans aspérité et digne de passer en prime time sur TF1, Romanzo criminale se moque des conventions et des contraintes. Par sa durée (2h30, et pas de producteur pour exiger des coupes). Par ses aspects politiques (que certains trouveront trop timorés). Par sa violence latente (les cadavres pleuvent, les menaces de sévices aussi). C’est le signe du retour en grâce du cinéma italien, après Nos meilleures années, qui faisait d’une saga familiale un drame générationnel très politisé, là où la France se voit imposer des Dolmen et autres produits indigents. Et, ô surprise, les scénaristes sont les mêmes. Si le film a plus d’un défaut, si sa réalisation n’est pas éblouissante, si on a déjà vu ça ailleurs en mieux, Romanzo criminale est un film agréable à suivre, transcendé par des acteurs géniaux (mon préféré, c'est Accorsi, le flic, monsieur Casta à la ville, le salaud).
7/10