HELL

S'inspirant sans doute du principe mathématique qui veut que moins par moins donne plus, des producteurs inspirés ont confié l'adaptation et la réalisation de Hell, livre nul, à Bruno Chiche, réalisateur nul. Mais ici, l'équation du film serait plutôt zéro fois zéro égal... Moins que zéro. Et pour cause : le bouquin de l'horripilante Lolita Pille lorgnant déjà lourdement vers les frasques et les tourments des héros de Bret Easton Ellis (où vais-je, qui baise-je, tout le toutim), le film parvient à rendre encore plus inintéressants et ridicules les tourments des personnages. Il y a pourtant dans le désoeuvrement de ces jeunes richards qui tuent le temps à coups de gros biftons et de lignes de coke un sujet attirant, une exploration en demi-teinte du monde de la nuit et de la solitude qui se cache derrière les paillettes. Mais évidemment, Pille et Chiche (ça fait un peu duo comique) passent complètement à côté de cette substantifique moelle. Hell se résume à des pétasses qui se bourrent la gueule, tombent amoureuses, se bourrent la gueule avec leurs amoureux puis se bourrent la gueule parce qu'elles ne sont plus amoureuses. Bref, encéphalogramme plat. Rien ne vient défriser l'oeil ni le cortex (la seule scène qui m'a tiré de ma torpeur étant, si si je vous jure, celle où Sara Forestier chante "Il était un petit navire" la larme à l'oeil). D'autant que la réalisation est sans doute la plus zéroesque de ce début de siècle, une sorte de guide de tout-ce-qu'il-ne-faut-pas-faire, un empilage de clichés filmiques et de maladresses dignes de Bozo le clown. Et côté casting, ce n'est pas franchement plus reluisant : Sara Forestier a beau y mettre toute la bonne volonté du monde, elle n'est pas plus crédible en pétasse du 15ème qu'elle ne l'était en pute chez Blier. Le charisme d'une huitre, la sensualité d'un réverbère, le phrasé d'une miss France. Alors face à elle, Nicolas Duvauchelle passerait presque pour James Dean.
En tout cas, Hell mérite bien son titre. Un film-poubelle, presque trop facile à détester.
1/10