TOUTE LA BEAUTÉ DU MONDE

On appelle ça une purge. Parce qu'il a voulu être Racine, Nick Hornby et Barbara Cartland, Marc Esposito s'est planté en beauté. Son film a la fadeur d'un Harlequin et fera sans doute rêver les femmes au foyer en quête d'aventure. Les autres pourront se dispenser de cet étalage de guimauve et de sentiments frelatés. Il y avait (peut-être) du potentiel dans cette histoire d'une jeune femme, trentenaire et déjà veuve, à qui un homme amoureux tente de redonner le sourire. Hélas, les clichés affluent de tous les côtés. S'il est triste, un personnage doit s'asseoir face à la mer en plissant les yeux (pour faire venir les larmes) et écouter sur son iPod (on dirait une pub Apple) des trucs tristes que même Chérie FM ne passe plus depuis vingt ans. Puis, s'il redevient joyeux, le personnage doit s'asseoir face à la mer en ouvrant grand les paupières (pour montrer qu'il est content) et écouter sur son iPod des trucs moins tristes qui ne passent pas non plus sur Chérie FM. En forçant le romantisme de certaines situations qui auraient dû être touchantes, Esposito rend le tout franchement ridicule. Les sentences définitives sur l'amour sont légion, on se tape quinze promenades à moto et trois scènes pompées sur High fidelity, tout le monde fume des pétards pour faire jeune, la veuve expose consciencieusement ses mouchoirs et ses médicaments pour montrer qu'elle est triste... Il y a tant de raisons de rire de Toute la beauté du monde que ça ressemblerait presque à de l'acharnement. On pourra sauver le joli minois de Zoé Félix, mais c'est tout. Après le sympathique Coeur des hommes, hommage sans prétention aux films de Claude Sautet et Yves Robert, Esposito a voulu entrer dans la catégorie des auteurs, les vrais. Le ratage est verigineux.
2/10