23 févr. 2006

L'IVRESSE DU POUVOIR

Un mot d'abord sur Isabelle Huppert. Pendant de nombreuses années, elle a incarné la fine fleur du cinéma français, impressionnant par la rigueur de son jeu et le choix de ses films. C'est désormais terminé : Isabelle n'est plus qu'une sorte de caricature d'elle-même, un monument de froideur, une sorte d'iceberg de plus en plus énorme à chaque film. D'autant que des tics jusqu'alors inconnus apparaissent : regardez bien, à chaque fin de phrase, la lèvre supérieure d'Isabelle retombe lourdement sur sa voisine du dessous, la faisant ressembler de manière fugitive à un canard. Pendant cinq minutes, c'est assez drôle. Ensuite, c'est pénible, car on ne voit plus que ça.
Mais revenons au film. De Claude Chabrol, observateur distancié de la bourgeoisie et de ses travers, il aurait été vain d'attendre un film politique qui fasse la lumière sur les fantômes de l'affaire Elf (évidemment jamais citée, mais lourdement présente pendant tout le film). Et en effet, L'ivresse du pouvoir ne semble avoir été écrit que pour multiplier les bons mots (hilarants, du genre "Il passe la nuit à la Santé, mais la sienne n'est pas bonne") (vous ne riez pas? sans blague...), faire dans l'anecdotique. Ça a l'air de marcher : dans la salle, les cinquentenaires gloussent devant les mines d'ahuris de François Berléand, Pierre Vernier, Thomas Chabrol et compagnie. Mais pour peu qu'on attende autre chose qu'un film vieille France, une comédie du pouvoir poussive et limite poujadiste, on pourra passer son chemin. Écrit bien trop vite (un film tous les 18 mois, c'est trop pour un réalisateur en fin de carrière), mal dirigé (comédiens uniformément mauvais, sauf le fiston Chabrol), vraiment moche (mais les films de Chabrol semblent toujours venir de 30 ans en arrière), L'ivresse du pouvoir est un pavé dans une mare asséchée, un minuscule jet d'urine dans un violon. Du coup, le spectateur tue l'ennui en attendant la prochaine fermeture de bouche d'Isabelle Huppert. Ce qui est quand même, je vous l'accorde, le comble du pathétique.
4/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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