Munich est un film maussade (jeu de mots numéro un). On sent la tristesse planer au-dessus de nos têtes pendant cent-soixante minutes, comme une sorte d'énorme chappe de plomb. Il n'y a qu'à voir le regard désabusé d'Eric Bana, un type qui accomplit sa mission en silence mais n'en pense pas moins.
Munich n'est pas un film propagande, et c'est très bien. S'il ne s'agit pas vraiment de la "prière pour la paix" dont parle Spielberg, le film choisit en tout cas de ne pas prendre parti. Aucun personnage n'est vraiment tout blanc ou tout noir, et c'est agréable à voir dans une production de cette taille.
Seulement voilà : Munich est un film long, bien trop long, un pensum bavard qui tente un peu trop de faire dans le Costa-Gavras alors que du bon Spielberg aurait été parfait. L'aspect politique du film est ennuyeux à mourir, avec des dialogues trop édifiants et toujours surchargés. Finalement, le plus intéressant dans le film, c'est la lutte intérieure d'Avner Kaufmann (Bana, ni bon ni mauvais) qui doit faire face à ses démons et à la mort. Quand assassiner devient un acte banal, il faut commencer à se poser des questions. Et quand les collègues tombent comme des mouches, on a envie d'assassiner. Cercle bougrement vicieux. Malheureusement, ce thème n'est pas le sujet premier du film, et ne rattrape donc pas la lourdeur du reste. Il y a des scènes franchement ridicules : celles avec Michael "Daddy" Lonsdale sont souvent rigolotes mais n'ont rien à foutre là, et l'une des scènes finales qui entrecroise Bana limant sa femme et les terroristes butant les otages est salement abjecte. Ce que ne rattrapent pas les quelques scènes d'action des gars du Mossad, pourtant très belles et très fortes.
Petite satisfaction franchouillarde : les gars du pays sont très bien. Dans un rôle important, Kassovitz brille et montre une nouvelle fois qu'il est bien meilleur acteur que cinéaste et Amalric campe un magnifique salopard. Yvan Attal fait davantage de la figuration. C'est tout de même agréable de voir que nos frenchies ne se font pas toujours bouffer par Hollywood. Maigre consolation face à un film qui aurait dû marquer les esprits mais qui laisse plutôt sceptique.
Jeu de mots numéro deux (attention les yeux) : quand on lui demanda "Munich, yabon?", Bana nia. Sous vos applaudissements.
5/10
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