15 déc. 2005

KING KONG

Quand j'étais petit, avec mon frangin, on jouait à un jeu de société vachement chouette qui s'appelait "Le pont maléfique". Le support du jeu était un pont suspendu qu'on pouvait activer mécaniquement et qui risquait de faire tomber nos pions à chaque instant. C'était cheap et bien foutu à la fois. En tout cas, à chaque fois, on tremblait. C'est un peu ça, King Kong. Un truc un peu vieillot, pas inintéressant mais pas franchement abouti.
Le côté sacrément rétro du film est à la fois une grosse qualité et un sacré défaut. Qualité parce que l'ambiance est délicieusement teintée de nostalgie et que la reconstitution est soignée et crédible (les parties citadines font penser à un mix de Titanic et Aviator). Un défaut parce que ça pose une interrogation majeure : si on refait tout comme l'original, à quoi ça sert de faire un remake? Sauf qu'on reproche assez souvent aux remakes de trop moderniser les sujets, de les dénaturer en voulant faire du très neuf avec du très vieux. Sujet infertile donc.
Côté effets spéciaux, c'est extrêmement réussi. Chaque texture est bien rendue, on ne doute quasiment jamais du travail accompli sur les différentes bestioles qui parcourent le film. Si ça sent un peu le fond bleu çà et là, force est de reconnaître que Peter Jackson a réussi un magnifique challenge technique. D'autant que les décors sont d'une beauté à couper le souffle.
Chez les acteurs, ça roule aussi. Naomi Watts semble venir tout droit des années 40, et c'est parfait. Dans son premier rôle sérieux, Jack Black excelle et fait vraiment penser à Orson Welles (modèle avoué). Plus effacé, Adrien Brody apporte cependant une jolie touche romantique. Le trio magique fait honneur à des personnages qui relèvent de l'archétype, mais c'est le propre de l'épopée romanesque.
Alors, qu'est-ce qui fait que ça ne marche pas très bien? Un gros manque d'âme, sans doute. C'est rare chez Jackson, mais il semble avoir attaché tellement d'importance à la reconstitution et à la technique (malgré quelques scènes pas très lisibles) qu'il en a oublié de traiter son sujet. King Kong, c'est la belle et la bête enfin réunis, c'est une histoire d'amour impossible et déchirante, et pourtant l'ambiance relève davantage de Jurassic Park. Trop de précipitation pour faire le film (deux ans en tout, c'est peu pour un truc de ce calibre), trop de passion aveuglante, trop de volonté de bien-faire ont dévasté l'âme du film original. C'est extrêmement dommage.
5/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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