20 juil. 2005

CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE

La seule raison pour laquelle Charlie et la chocolaterie pourrait marquer l'histoire du cinéma serait qu'il semble sonner définitivement la mort du style Burton. Bien que doté de qualités indéniables, le film n'a aucune identité véritable et aurait tout aussi bien pu être signé par le Ron Howard du Grinch ou le Brad Silberling des Orphelins Baudelaire (et, croyez-moi, ça me fait mal de le dire). La première demi-heure, bien que sans génie, est la meilleure partie du film. Y est relatée la découverte des cinq fameux tickets d'or par quatre affreux mouflets (très fidèlement représentés) et le trop gentil et trop parfait Charlie (Freddie Highmore, pourtant excellent, arrive très difficilement à faire émerger un personnage terne parmi tant de caractères aussi affirmés). Une introduction dépourvue de surprise mais très satisfaisante, qui permet à Burton une critique ultra-explicite de l'industrialisation excessive et la crise sociale de notre petit monde (avec les scènes du papa Noah Taylor et celles du formidable grand papa Joe), pouvant être également vue comme une métaphore de la standardisation hollywoodienne des réalisateurs américains (qui a enfermé Burton dans le même carcan que bien des réalisateurs sans âme). Arrive la suite, et l'entrée dans l'usine-forteresse de Willy Wonka. Et là, tout se gâte. D'abord, l'interprétation de Johnny Depp est ratée. Là où le Wonka du livre était un bonhomme sarcastique mais formidable, Depp lui donne le côté malsain d'un Michael Jackson (qui, lui aussi, aime inviter des enfants dans sa résidence gigantesque pour leur faire subir de drôles de trucs) et un aspect calculateur et méprisant franchement décevant. Ensuite, le manque criant d'inventivité de la part de Burton accentue le gros défaut du cultissime bouquin de Roald Dahl : le caractère systématique et répétitif (une salle originale / un enfant débile / un accident prévisible / une chanson moralisatrice) de la visite de la fabrique. Même sans avoir lu le livre auparavant, on s'attend très exactement à la scène qui va suivre. Le pire, c'est quand quand on sent arriver les chansons des Oompa-loompas, moches, ennuyeuses et doublées de chorégraphies surlaides. Des Oompa-loompas complètement ratés, à cause notamment d'une très mauvaise idée : les faire tous interpréter par le même comédien cabotin. Arrive ce qui doit arriver : on a envie que ce qui s'annonçait comme un voyage merveilleux se termine au plus vite. Pas de chance, ça traine en longueur, d'autant que Burton et son scénariste ont eu la mauvaise idée de rajouter des scènes simplistes et calibrées à propos de l'enfance de Willy Wonka (dont l'un des principaux intérêts dans le bouquin était le mystère qui l'entoure). Finalement, on est bien content de retrouver la maison miteuse de Charlie et son attachante famille. On oublierait presque cette fin génétiquement modifiée qui dit quasiment le contraire du bouquin. Burton est mort? Vive Burton.
4/10

1 commentaire sur “CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE”

Anonyme a dit…

Moi j'ai bien aimé...


Ben oui, c'est vrai. J'aime Johnny Depp de toutes façons, et comme je n'ai pas eu le plaisir de lire ce livre, j'aime bien son jeu. Mais sinon l'histoire est creuse, et ça semble fidèle au livre, non ?

 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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