12 janv. 2011

STRETCH

Charles de Meaux aurait-il fait un accident vasculaire cérébral entre le tournage de Shimkent hotel, son précédent long-métrage, et celui de Stretch ? Ce serait la seule raison capable d'expliquer l'incongru ratage de ce dernier film, tellement réalisé avec les pieds et écrit avec les fesses qu'il ne peut pas décemment être l'oeuvre d'un être humain en pleine possession de ses moyens. Stretch est une douleur de tous les instants, une insulte faite aux amoureux du cinéma, un crachat à la face des cinéphiles aventuriers ayant bien voulu entrer dans la salle pour y suivre l'histoire de ce jockey français exilé à Macao... Rien, absolument rien, ne peut justifier qu'on s'inflige ce calvaire. Fuir loin de ce film, c'est rendre service non seulement au septième art, mais également à son réalisateur, encore assez jeune pour changer de métier ou se remettre complètement en question.
Concrètement, Charles de Meaux nous propose un scénario plus que minimaliste, puisqu'il ne s'y produit absolument rien. Les rares scènes potentiellement intéressantes sont souvent broyées sur l'autel du montage, voire noyées dans des ellipses bizarroïdes. Le reste n'est que parlote et psychologie de comptoir. La dernière partie du film tente bien de nous faire trembler sur le thème légèrement éculé du sportif auquel on demande de perdre pour de l'argent, sans jamais parvenir à renouveler le sujet ou même à lui donner un peu d'ampleur. Seule explication à cela : Charles de Meaux a souhaité faire un film d'ambiance, plonger le spectateur dans les lumières de Macao comme il le fait avec son héros. Mais une poignée de plans faussement arty, dont certains semblent tenter de copier Lost in translation, ne compense en rien l'ennui morbide procuré par un film dont la mise en scène est globalement téléfilmique (ce qui est légèrement insultant pour les bons réalisateurs de téléfilms).
Pire : le réalisateur use et abuse d'artifices narratifs qui rendent son scénario plus nul que nul. Textos d'une banalité affligeante envoyés par le héros et qui apparaissent en surimpression, avec le petit curseur qui avance puis recule en cas de faute d'orthographe et la barre de charge pour montrer qu'il a bien été envoyé. Conversations téléphoniques en voix off pour camper l'éloignement géographique du pauvre jockey malheureux. Autres voix off venues de nulle part, émanant de personnages dont on n'a manifestement pas bien saisi l'intérêt... C'est un embrouillamini total, une purée de mauvaises idées, une bouillie embarrassante qui ridiculise non seulement son réalisateur mais aussi ses acteurs. Comme lorsqu'il est mal ou peu dirigé, Nicolas Cazalé livre une prestation consternante, renvoyant Michael Madsen et Richard Gere dans les cordes pour ce qui est du lever de sourcils (qui sert, comme chacun sait, à marquer l'étonnement, la tristesse, la mélancolie, la colère et tous les autres sentiments liés au jeu d'acteurs). Quant au pauvre David Carradine, mort pendant le tournage du film dans des conditions franchement rigolotes, il a tout juste droit à trois scènes d'une platitude aberrante, et l'on se dit qu'il devait vraiment avoir envie d'aller se faire saucissonner les couilles à Macaco pour accepter d'aller se vautrer dans un tel projet. Stretch est un film à oublier vite, très vite, la première vraie grosse purge de 2011, un véritable tocard sur lequel il serait irresponsable de miser le moindre kopeck.



Stretch de Charles de Meaux. 1h30. Sortie : 12/01/2011.

2 commentaires sur “STRETCH”

mtislav a dit…

Sévère mais juste. Quelqu'un peut m'expliquer la fin ?

Bob Morane a dit…

C'est la bouse de ce début d'année. Peut pas faire pire.
La fin ? quelle fin ? :)

 
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