Machete déçoit quasiment d'entrée, lorsqu'on réalise que Rodriguez n'a pas l'intention d'en faire un film purement grindhouse, avec pellicule dégueulasse, bobines manquantes et effets approximatifs. Ce qui avait contribué à la réussite de son Planète terreur est ici sacrifié sur l'autel d'un sérieux assez inapproprié, comme s'il s'agissait pour lui de faire savoir à tous ses spectateurs que, hé ho les mecs, il est un réalisateur pro et pas juste un tacheron capable de rendre de petits hommages aux films qui l'ont fait grandir. On a d'emblée l'impression d'avoir le cul entre deux chaises, la marque de fabrique du cinéma de Rodriguez. Comme dans les poussifs Spy kids, comme dans l'abominable Desperado 2, comme dans l'ennuyeux The faculty, il n'assume jamais ses idées jusqu'au bout, transforme chaque élan d'inspiration en un clin d'oeil miteux, embauche des acteurs connus pour des caméos ne dépassant jamais le stade de l'anecdote. Ce ne sont pourtant pas les moyens qui manquent, mais sur le long terme Machete donne l'impression de voir un gamin timoré s'amuser avec quelques Playmobil et un peu de ketchup, sans jamais oser aller assez loin pour être vraiment marquant.
Au diable le scénario, il s'agit avant tout d'un film d'acteurs, chacun ayant son petit moment de gloire ou sa citation susceptible de rester vaguement dans les annales. On peine pourtant à être réellement emporté par l'élan de ces interprètes qui ne semblent finalement pas prendre autant de plaisir que prévu. Danny Trejo se régale à jouer les durs à cuire sans zygomatiques, mais il n'a jamais fait autre chose. Jessica Alba est une bonnasse particulièrement caliente, mais ça ne fait pas un rôle. Steven Seagal et Robert de Niro jouent avec des images sacrément érodées par le temps, mais leur cabotinage ne crée ni étincelle ni émulation. Il manque les dialogues cultes d'un Desperado, la moiteur de la première moitié d'Une nuit en enfer, quelque chose qui puisse tirer cet ensemble potentiellement délirant d'une torpeur absolument agaçante. Rodriguez n'est pas un foudre de guerre, certes, mais ses relations et on carnet d'adresses pourraient au moins lui permettre de livrer des divertissement potables. On commence sérieusement à s'impatienter.
Machete de Robert Rodriguez. 1h45. Sortie : 01/12/2010.
5 commentaires sur “MACHETE”
les rive-in
ses relations et on carnet d'adresses
Ouaip, pas grand chose qui reste en mémoire.
Ouep. Il manque l'autodérision sur toute la 2ème moitié du film.
J'ai été plus rude avec ce film, que je n'ai pas aimé non plus :
http://ilaose.blogspot.com/2010/12/machete.html
J'ai préféré ce film à Planet Terreur. Je ne le trouve absolument pas ennuyant et j'ai même beaucoup ri. L'humour est décalé et plutôt subtil....donc pas accessible à tout le monde, n'est pas Rob !
La réussite de Rodriguez est d'avoir su utiliser les clichés présents dans ce genre de films pour les parodier subtilement. Objectivement les scènes sont sérieuses et ne sont pas faites pour rire, mais un regard subjectif et un peu plus décalé permet de comprendre l'intention du réalisateur et de goûter à toute la saveur de ce film.
Donc chacun se fera son opinion, mais ne vous arrêtez pas aux critiques négatives, vous risqueriez de rater quelque chose !
Personnellement le film m'a bien plu. Je me suis tellement amusé que ça m'a doné envie de faire une critique du film en vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=EIuwsqx1DT0
J'avais aimé Grindhouse, et j'ai aimé encore plus Machete, qui ne se prend pas du tout au sérieux et assume parfaitement ses imperfections.
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