LA JEUNE FILLE DE L'EAU

Au cinéma, l'autodestruction est un sujet fort mais rare. Mais La jeune fille de l'eau vient pallier à ce manque : pendant près de deux heures, on y voit un cinéaste se donner la mort en direct. M. Night Shyamalan semble avoir totalement pété les plombs avec ce film absolument improbable et aberrant, un long chemin de croix sans but ni âme qui le ridiculise totalement. Le réalisateur n'a pas su se dépétrer d'un point de départ pas idiot mais assez encombrant : le concierge d'une résidence trouve une nymphe (enfin, une "narf") dans la piscine de sa résidence et doit trouver le moyen de la faire regagner son monde. Le film fonctionne de façon connement cyclique : tous les quarts d'heure, lorsque le héros ne sait pas comment s'en sortir, il va trouver une vieille chinoise qui lui donne des détails supplémentaires sur l'histoire des narfs, ce qui lui permettra de trouver des clés et des alliés. Entre deux, Shyamalan en profite pour régler ses comptes avec la critique au travers d'un personnage antipathique et surtout totalement inutile. Mais apparemment, le bougre avait également des griefs contre ses spectateurs : c'est la seule raison pour laquelle il a pu leur infliger ce pensum influencé par les mythologies les plus miteuses.
Il n'y a rien à sauver dans ce film de piètre facture : ni le scénario vide mais abscons (un paradoxe bien réel), ni la mise en scène totalement inexistante. On ne reconnaît absolument pas Shyamalan derrière ce ramassis de n'importe quoi : là où son talent de filmeur suffisaient à justifier n'importe lequel de ses films précédents, il ne reste plus que des cadrages grossiers et définitivement moches. À croire qu'il était trop occupé à faire l'acteur : une nouvelle fois, Shyamalan se donne ici un rôle-clé, qu'il interprète on ne peut plus mal. De toute façon, même les acteurs ont l'air de ne pas croire au film, et seul Paul Giamatti sauve quelques rares moments de cette Jeune fille de l'eau, naufrage total qui signe le délitement d'un cinéaste qui nous a offert le meilleur avant de nous faire subir le pire.
1/10