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13 déc. 2008

BURN AFTER READING

«-Qu'avons-nous appris de cette affaire ? -Pas grand chose.» Ce dialogue, qui clôt Burn after reading, exprime bien l'ambition du dernier bébé des frères Coen. On n'en tirera pour ainsi dire aucun enseignement, si ce n'est que la stupidité humaine peut être si puissante qu'elle peut prendre le pas sur toutes les formes d'intelligence. Mais ce n'est pas vraiment nouveau : globalement, l'espèce humaine est idiote et file tout droit vers l'entropie la plus totale.
Conformément à une expression ô combien sinistre (retournez donc écouter Desproges, dont une chronique est consacrée à cet affreux lieu commun), « c'est un film qui n'a pas d'autre prétention que celle de nous faire rire ». Et en effet : Burn after reading est une comédie noire très drôle, voire même hilarante, qui utilise la bêtise ambiante pour mieux nourrir sa mécanique comique. Après un passage à vide au début des années 2000, les Coen ont retrouvé la verve et le mordant qui firent la réussite de leurs plus grandes oeuvres : un sens inné du dialogue, un talent tout particulier dans le choix des pseudonymes (le nom d'Osbourne Cox restera gravé dans nos mémoires à jamais)... Et, avant tout, un don véritable pour créer des personnages singuliers, délectables, épais dans tous les sens du terme. Ce n'est pas parce qu'ils sont idiots ou carrément péquenots qu'ils doivent être bâclés. Il n'y a rien de plus difficile que de réussir à parler intelligemment de la connerie humaine...
Ces personnages doivent évidemment beaucoup à des interprètes déchaînés, qui se régalent à casser leur image. En tête, George Clooney et ses yeux ronds comme des billes, et surtout Brad Pitt, impayable et imparable en coach de gym redonnant tout son sens au mot "neurasthénique". Parce que ce sont les plus en vogue, ce sont sans doute les deux acteurs dont la prestation épate le plus. Mais tous, absolument tous les autres, sont à l'unisson, de John Malkovich à Tilda Swinton en passant par Richard Jenkins. Tous sont au service d'un même ensemble, un imbroglio comico-pathétique absolument délectable, où l'intrigue policière tient debout mais ne prend jamais le pas sur l'envie de poilade des frangins. Ce Fargo en moins noir est un régal de tous les instants, une fantaisie qui tient au corps et donne envie de retrouver bien vite les Coen, aussi en forme et toujours plus inspirés. Longue vie à eux.
8/10

28 nov. 2008

THE BROKEN

Aucun doute possible : le Sean Ellis de The broken est bien celui qui nous livra Cashback en 2006. On y retrouve les mêmes promesses, les mêmes belles idées de départ, cette envie de prendre le cinéma à bras le corps et de mettre en scène avec appétit une histoire à laquelle il croit. Et, au final, la même impression de gâchis et d'immaturité. De son étrange postulat (une femme se croise elle-même dans la rue et commence à perdre pied), Ellis ne tire qu'une maigrelette série Z, jamais vraiment désagréable mais totalement inaboutie.
Dès la mise en place des éléments de l'intrigue, on sent que le réalisateur souhaite créer un mystère épais et intrigant. Problème : la froideur assumée de l'ensemble et le manque d'évènements rendent The broken complètement imperméable à toute émotion. On nage toujours dans un demi-onirisme qui donne l'impression de se trouver continuellement dans un rêve (ou un cauchemar), si bien que la seule solution semble être de se réveiller. Un réveil qui ne se produit jamais et rend l'ensemble bien vain. D'autant que, si Ellis a un certain don pour développer un univers, il semble ici influencé (consciemment ou non) par le cinéma de genre asiatique, avec ses nombreux passages obligés. Une photo étrangement défigurée, une fuite d'eau et des miroirs qui se rebellent : rien que du pas très neuf, du déjà-vu il y a peu. Il y a pourtant une certaine efficacité dans l'exploitation de ces éléments, notamment toute la partie "miroirs", bien plus impressionnante que tout le Mirrors d'Alexandre Aja.
Mais l'effroi très temporaire suscité par quelques effets rondement menés, tout comme le léger malaise engendré par cette ambiance glacée et inconfortable, ne remplacent malheureusement pas un bon scénario. Sean Ellis, qui gagnerait sans doute à s'adjoindre les services d'un co-auteur, le clôt par un twist qui ne dit pas vraiment son nom, et nous laisse dans le flou sans qu'il soit évident que cela soit totalement volontaire. Les déceptions The broken et Cashback ne doivent pourtant pas faire oublier que ce type-là a un potentiel démentiel, et qu'il a simplement besoin de le faire fructifier et de mûrir encore un peu. Franchir le cap de la quarantaine ne pourra que lui faire du bien.
4/10

18 nov. 2008

FRANGINS MALGRÉ EUX

On a dit de Semi-pro que c'était une déception en regard du potentiel et des antécédents de Will Ferrell. Un an plus tôt, on a dit des Rois du patin que c'était une déception en regard du potentiel et des antécédents de Will Ferrell. Et ça va commencer à devenir bien lourd si on dit de Frangins malgré eux que c'était une déception en regard du potentiel et des antécédents de Will Ferrell. Car s'il est tout de même plus amusant que les deux précédents, le film d'Adam McKay peine de nouveau à renouer avec les sommets des légendaires Présentateur vedette - la légende de Rob Burgundy (Anchorman pour les intimes) et Ricky Bobby roi du circuit.
Toutes les conditions étaient pourtant réunies pour faire de ce Step brothers une nouvelle grosse pépite de l'humour con et décalé. Et d'abord le retour d'un trio magique, composé de Will Ferrell, John C. Reilly et Adam McKay. Soit l'idéal pour une bonne grosse séance de régression. Mais voilà : assez inexplicablement, la mayonnaise ne prend pas. Ferrell a beau taper ses balloches sur une batterie et multiplier les concours de vulgarité, on reste prostré en attendant mieux. Tout n'est évidemment pas sinistre dans ce film : d'abord parce que les tronches des deux héros sont de vraies attractions à elles toutes seules, et ensuite parce qu'il y a tout de même quelques scènes assez craquantes (même si jamais vraiment hilarantes). Il faut voir ces deux ahuris en pleine crise de somnambulisme ou tabassant de l'ado à tout va (restez pendant le générique de fin)...
Outre un gros manque de rythme (la première demi-heure est d'un ennui total) et une mollesse assez surprenante, le gros talon d'Achille de ce Step brothers est sans doute son incapacité à apporter un regard neuf sur l'univers des ados attardés. Car si c'est là le sujet central du film, McKay et Ferrell avaient déjà montré leur fascination de la régression dans leurs autres films, et avec bien plus de verve et d'imagination. Reste qu'une fois de plus, les amoureux de l'humour ferrellien y trouveront un produit de substitution relativement convenable, en attendant des lendemains plus percutants. Espérons que ce ne soit pas une arlésienne...
6/10

27 oct. 2008

THE VISITOR

Digne et émouvant. Voilà ce que l’on peut dire de The visitor, comédie dramatique et mélancolique qui donne une dimension différente à des thèmes archi rebattus comme la tolérance, la précarité et les sans-papiers. Le deuxième film de Tom McCarthy est d’abord une belle histoire d’amitié, celle de deux hommes n’ayant rien en commun mais se retrouvant finalement autour de passions et d’idéaux communs. On craint un instant de tomber dans une formule prémâchée, le genre de film où trois cours de djembé suffisent à sceller une amitié indéfectible. Mais McCarthy est un cinéaste classieux et malin, et mène son récit avec détermination et finesse. Du coup, même la naissance du lien reliant Walter à Tarek a quelque chose d’intense, comme si on assistait à cela pour la première fois.
La suite est à l’unisson : The visitor embrasse alors des sujets plus graves, tellement banalisés qu’ils ne font plus l’objet que de quelques entrefilets dans la presse. Pourtant, derrière chaque fait divers se cachent des drames humains, des souffrances multiples, des familles et des couples qui éclatent. C’est lourd à traiter, mais McCarthy sait que de tels sujets se passent de grands discours, et qu’il suffit d’un constat silencieux pour se rendre compte de l’impact d’une expulsion ou d’une séparation. Connu pour son rôle de père fantôme dans LA série, j’ai nommé Six feet under, Richard Jenkins apporte son regard triste et sa colère rentrée à un personnage épatant. Il n’était pourtant pas évident de rendre crédible ce professeur d’université coincé et déprimé qui se lâche soudain à la suite d’une rencontre fortuite et va jusqu’à se rebeller contre un système détestable. Jusqu’à la dernière image, il irradie le film de sa belle dignité, qui fait de The visitor une œuvre des plus recommandables.
8/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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