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14 janv. 2009

PARC

Qu'attendre d'un film avec une telle affiche et deux personnages principaux nommés Marteau et Clou, le premier ne rêvant que de crucifier le second ? Un tour de force à la Beckett ou une oeuvre ployant sous un symbolisme de pacotille. Parc offre pourtant une troisième alternative en s'affranchissant rapidement d'un dispositif tout droit voué à l'échec. Et Arnaud des Pallières (Drancy avenir, Adieu) de livrer un curieux thriller psychologique sans thriller, où tout est sujet à interprétation et dont il est difficile de tirer la moindre conclusion.
Pourtant, tout commence (presque) normalement. Présence de Sergi Lopez oblige, le début de Parc ressemble à du Dominik Moll, quelque part entre Harry... et Lemming. Petites bizarreries et malaise inexplicable sont de mise, bien relayées par une interprétation sans faille. Rapidement, l'ensemble semble piétiner, comme si le metteur en scène prenait plaisir à étirer encore et encore l'exposition de ses personnages afin de créer la frustration. Il faut un certain courage pour franchir le cap de la première heure ; courage qui sera en quelque sorte récompensé par la suite, qui n'offre aucune clé mais crée une tension palpable à partir de rien.
Des Pallières refuse de plonger dans le thriller, mais on retient quand même son souffle : ce cinéma fait de symboles et de métaphores plus ou moins explicites a ceci de fascinant qu'il est totalement imprévisible, comme un Lynch version réaliste. Une impression à double tranchant, puisque cela peut également faire naître un total désintérêt face à ce qui se passe à l'écran. D'autant que le message semble quant à lui plus confus qu'énigmatique. Mais si le fond a de quoi laisser perplexe, la forme fait baver d'admiration. On est en présence d'un véritable cinéaste, qui sait faire des plans et créer des ambiances toujours plus singulières. Chez des Pallières, même le sexe est différent, excitant et trouble à la fois. Avec des intentions mieux définies et moins visibles, il devrait à l'avenir proposer des oeuvres plus abouties que ce film intéressant mais n'allant nulle part.
5/10
(également publié sur Écran Large)

4 janv. 2008

L'HOMME QUI MARCHE

Dans Le stade de Wimbledon, Mathieu Amalric partait sur les traces d'un écrivain n'ayant jamais écrit. L'auteur dont est inspiré le héros de L'homme qui marche a tout de même fait mieux, puisqu'il a publié un unique texte, Fils de chien, dans les années 70. Le Vladimir Slepian de la vraie vie est devenu à l'écran Viktor Atemian, dont l'unique texte connu est aussi introuvable que culte chez les grands penseurs du siècle dernier. Le film d'Aurelia Georges décrit, sur un quart de siècle, la drôle d'existence d'Atemian, être étrange et lunaire qui fit quelques rencontres, écrivit quelques textes (pièces de théâtre, pamphlets et autres) au destin obscur, et finit seul et pauvre, réduit à néant par la rue.
On comprend volontiers pourquoi la réalisatrice s'est intéressée à un tel bonhomme ; malheureusement, ce type si fascinant sur le papier n'avait visiblement pas ce qu'il fallait pour devenir un héros de cinéma. Trop littéraire et nébuleux pour convaincre, le film rate sa cible, échouant également dans sa tentative de transposer le dadaïsme sur pellicule. Il aurait fallu pour cela que L'homme qui marche se lâche un peu plus au lieu de rester engoncé dans une posture de film d'auteur guindé. Pour donner une idée du caractère peu guilleret de l'ensemble, l'instant le plus fantaisiste du film survient lorsqu'Atemian, photographié par un ami, place une chaise devant son visage pour tenter d'obtenir une photo plus originale. Voilà.
Finalement, le film touche à son meilleur lorsqu'Aurélia Georges prend le temps de relier la vie en dents de scie de l'artiste et la destinée politique de la France, de septennat en septennat (le film s'arrête assez longtemps en 1974 et 1981 notamment...). Le manque de moyens de la reconstitution participe au caractère désuet de l'ensemble, mais on a connu résultat moins efficace. Quant au comédien qui interprète Atemian, Cesar Sarachu, il est tout bonnement prodigieux, jouant le décalage à merveille comme il l'avait si bien fait chez les frères Quay. L'acteur est la seule réelle étincelle dans un film trop poli pour être convaincant.
4/10
(également publié sur Écran Large)
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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