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17 déc. 2008

LA CITÉ DE L'OMBRE

Il y avait de quoi être intrigué par le premier film live de Gil Kenan, auteur d'un Monster house plutôt sympathique, bénéficiant d'un casting moins fade que la plupart des productions du genre (Bill Murray et Tim Robbins dans des seconds rôles d'importance). La cité de l'ombre commence de façon plutôt alléchante, exposant les faits plutôt brillamment, grâce notamment à une mise en scène inspirée. On plonge rapidement dans cette drôle de ville souterraine, entre Orwell et Brazil, et on s'interroge sur le pourquoi de ces coupures de courant régulières, qui parasitent la vie de la ville.
Très vite, malheureusement, La cité de l'ombre redevient le banal film pour enfants qu'on espérait ne pas voir, multipliant les toutes petites scènes d'aventure et dépassionnant les questions du départ. Le propos écolo à la Arthus-Bertrand et le manque de rythme nuisent considérablement à l'intérêt de l'ensemble, tout comme le manque d'aspérités du duo de jeunes acteurs. Étonnant de la part de Saoirse Ronan, surprenante dans Reviens-moi et actrice principale du prochain Peter Jackson...
Après l'immense ventre mou que constitue la deuxième demi-heure du film, la fin est plus amusante, regorgeant de gadgets et de morceaux de bravoure mignonnents. On ne va cependant jamais plus loin qu'un tour dans n'importe quel manège d'un parc d'attractions, qui pourra faire frissonner les petits mais fait légèrement bailler leurs accompagnateurs. Terriblement d'actualité, ce film sur la crise occupera les marmots s'ils s'ennuient pendant les longues journées de décembre où ils s'ennuient en attendant le père Noël.
5/10

9 sept. 2008

MAX LA MENACE

L'humour con, ça passe ou ça casse. Tout dépend du rythme insufflé, du degré de vulgarité, et de la qualité du ou des interprètes. Sachant que Max la menace est mené par Steve Carell, le pari est à moitié gagné d'avance. Qu'il se plante lui-même des flèches microscopiques dans le visage ou qu'il se fasse rouler sur les pieds par un chariot, ce type est hilarant et redonne de l'éclat aux gags les plus éculés. Le film de Peter Segal est un enchainement sans temps mort (ou presque) de situations stupides, un déferlement de grands moments de solitude et de terribles instants de ridicule, transcendés par un Carell qui se régale et nous ravit. Voilà une comédie familiale (mais avec de vraies fesses) qui ne recule devant aucun type d'humour pour parvenir à ses fins. Qu'il soit finement british, délicieusement non-sensique ou à base de vomi, Max la menace fait rire, et c'est évidemment le principal.
Les amateurs de la série d'origine peineront sans doute à retrouver cet univers qui leur plaisait tant, mais oublieront rapidement leurs attentes premières pour mieux se délecter de ce spectacle souvent jubilatoire, où même les gags ratés finissent par devenir attachants. Grâce soit rendue aux partenaires de Carell, qui arrivent à exister et à tirer brillamment la couverture à eux. Anne Hathaway dévoile une nouvelle facette de son talent (car elle en a), The Rock s'amuse avec les stéréotypes du grand baraqué (ne lui confiez jamais d'agrafeuse), Alan Arkin et Terence Stamp semblent être retombés en enfance. Ça procure un plaisir fou.
On pourra évidemment faire la grimace devant la mise en scène gloubiboulga de Peter Segal, qui choisit des angles improbables et peine à donner du liant à certaines scènes de simili-action. Mais avec un brin de mauvaise foi et/ou d'envie, on pourra finalement considérer que cette réalisation en forme de n'importe quoi sert le film, renforçant son aspect "parodie de James Bond" (certaines aventures de 007 sont aussi mal filmées que cela). Au final, Segal transcende le kitsch et le rétro d'un film qui remplit idéalement ses objectifs de détente des zygomatiques.
7/10

15 mars 2008

À BORD DU DARJEELING LIMITED

Objectivement, très peu de choses différencient un artiste qui fait toujours la même chose d'un autre dont on dit qu'il a son style. Cinéaste dandy, nourri d'influences aussi multiples qu'impeccables, Wes Anderson appartient sans aucun doute à la seconde catégorie. Par le biais de mille réminiscences et obsessions, The darjeeling limited est inextricablement lié aux quatre précédents films du bonhomme, du prometteur Bottle rocket jusqu'à une Vie aquatique pas dépaysante mais très déconcertante. Mais, plus qu'une synthèse, c'est une somme. Tous les éléments du petit théâtre d'Anderson sont ici poussés à leur apogée, comme dans un gigantesque tourbillon spleenesque et galvanisant.
Ça commence mal, ou plutôt trop bien. L'avant-propos de The darjeeling limited est un court-métrage, "Hotel Chevalier", qui narre les retrouvailles une mec et d'une fille dans une chambre d'hôtel parisien. Lui, c'est Jason Schwartzman, sosie psychique (et tragique) de Wes Anderson. Elle, c'est Natalie Portman, dont la coupe garçonne irradie l'écran et dont la chute de reins possède un arrière-goût d'apocalypse. La mélopée obsédante et renversante de Peter Sarstedt ("Where do you go to (my lovely)", chef d'oeuvre de ballade surannée, à l'irrésistible franglais) contribue au moment de grâce que constituent ces quelques minutes hors du temps, hors du monde et bien au-delà du cinéma. Après une telle entrée en matière, c'est certain, la suite ne pourra que décevoir. On passe donc deux heures à attendre le faux pas, la baisse de rythme ou la faute de goût qui viendra souiller l'ensemble. Tel évènement ne se produira jamais. The darjeeling limited sidère par l'équilibre total qu'il assure de bout en bout, brassant des thèmes et ambiances antipodiques.
Le film d'Anderson va à l'encontre de tout ce qu'il semble être, ni road trip familial ni récit picaresque. Pourtant, ce perpétuel esprit de contradiction n'est jamais mis en avant, et la sincérité prime de part en part. Ce voyage en train pour sillonner l'Inde à la recherche d'on ne sait trop quoi est d'abord une aventure intérieure pour chacun des membres du trio de héros. Derrière les mésaventures plus ou moins anecdotiques se cache un esprit à la fois tendre et dépressif, une description sans fard de nos vies futiles et polymorphes. The darjeeling limited a beau être le film le plus drôle de son auteur, c'est également celui qui colle le plus à la peau par son aptitude à aller gratter là où ça fait mal. On en sort à la fois enthousiaste et lessivé, comme à la fin d'une vie bien remplie, faite de souvenirs indélébiles et d'une multitude de regrets éternels.
Ce qui sauve le film de la dépression totale, c'est la façon qu'a Anderson de contrebalancer une certaine gravité par une bonne dose de petits moments magiques et d'atmosphères colorées et acidulées. Mise en scène picturale et frontale (définitivement l'empreint numéro un du style Anderson), atmosphère façon BD philosophique et indépendante, direction d'acteurs profonde mais pas voyante... Ce type-là sait tout faire, et la modestie avec laquelle il s'acquitte de son film est franchement touchante.
Bien que principalement incarné par des hommes, The darjeeling limited n'en demeure pas moins une gigantesque déclaration d'amour à l'adresse de la femme, qui n'est pas que l'avenir de l'homme, mais également sa raison d'être. Souvent absentes à l'écran (hormis par l'entremise d'une employée des chemins de fer aussi mimi que coriace), elles revêtent toutefois une importance capitale dans l'existence des trois frangins. Ils leur doivent leurs plus grandes joies, mais également l'air de chien battu qu'ils arborent pendant tout le film. Et niveau chiens battus, les trois acteurs se posent là. Avec pour points communs une classe naturelle et un tarin reconnaissable entre mille (cassé pour Owen Wilson, crochu pour Brody, en patate pour Schwartzman), ils réalisent des prouesses, habitant littéralement leurs personnages avec une précision assez stupéfiante. Rarement des frères sur le papier auront été aussi frères à l'écran. Ils donnent au film son délicieux tempo, entre immaturité totale et raideurs d'adulte. Cet alliage délicat et parfaitement instable constitue d'ores et déjà l'image forte d'une année 2008 brillante, puissante, tout simplement époustouflante. Il serait criminel de passer à côté de cette pure pépite presque aussi belle que la vie.
10/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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