1 juin 2011

RENDEZ-VOUS AVEC UN ANGE

Il y a des films qui n'ont l'air de rien, vous écrasent d'abord par la modestie de leur dispositif et de leurs personnages, puis finissent par vous cueillir comme une fleur fragile. À n'en pas douter, Rendez-vous avec un ange fait partie de cette catégorie, et embarque le spectateur dans une jolie aventure humaine brassant des thèmes a priori antagonistes avec une discrétion touchante. Tout démarre du drame d'ordre social qui touche Judith, une jeune infirmière effacée. Virée pour une faute apparemment impardonnable, elle n'ose pas avouer la vérité à Roland, son mari, autoritaire et tourmenté. Puis Roland découvre les cachotteries de sa femme, qui ne sait pas qu'il sait. Un jeu de dupes qui se mue peu à peu en jeu de piste, Roland se mettant à suivre une Judith continuant à partir tous les matins comme si elle se rendait sur son lieu de travail. Mensonge contre mensonge : les deux époux finiront par en apprendre davantage sur eux-mêmes et par découvrir chez l'autre des pans de personnalité dont ils ignoraient l'existence.

Un tel argument et un tel titre auraient pu donner lieu à une comédie romantique inoffensive, quelques aventures gentiment rocambolesques menant nos héros fatigués à une réconciliation féérique. Or, le film coréalisé par Yves Thomas et Sophie de Darudar emprunte des sentiers bien moins balisés, aussi bien par les thèmes qu'il aborde que par les genres qu'il traverse. Polar et film à thèse sont également convoqués dans un scénario beaucoup plus touffu qu'en apparence. À mesure de ses filatures, Roland va notamment percer à jour un secret insoupçonnable permettant de voir sa femme sous un jour bien différent. Une surprise de taille dans le script et un sacré outil pour rouvrir le débat sur un sujet sensible.

Assez fruste, pas franchement attirante, la mise en scène semble elle aussi portée par l'étrange montée en puissance qui enveloppe le film. Le dernier plan de Rendez-vous avec un ange, pour ne citer que lui, atteste de la relative singularité de cette œuvre ne payant pas de mine. Et si l'on peut regretter le choix d'Isabelle Carré pour incarner une nouvelle fois une nunuche-mais-pas-trop, Sergi Lopez est quand à lui formidable et incontestable en mari bougon ne laissant transparaître ses failles que lorsqu'il vit de plein fouet sa passion pour l'opéra. Comme lui, Thomas et Darudar semblent convaincus de la potentielle influence de l'expression artistique sur le développement personnel.



Rendez-vous avec un ange d'Yves Thomas & Sophie de Darudar. 1h38. Sortie : 01/06/2011. Critique publiée sur Artistikrezo.

2 commentaires sur “RENDEZ-VOUS AVEC UN ANGE”

Pascale a dit…

quand à lui


En résumé c'est un petit qui n'a pas l'air d'y toucher mais qui y touche quand même !

Pascale a dit…

Une surprise de taille dans le script ????

ah oui ? Je l'attends toujours !

 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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