22 mai 2011

VOIR LA MER

Honnêtement, qu'attendre d'une alliance entre Patrice Leconte, réalisateur fatigué (dernier film en date : La guerre des miss), et Pauline Lefèvre, ancienne miss météo de Canal+ ayant surtout brillé pour son sourire éclatant et son incroyable paire de jambes ? C'est là toute la magie de ce Voir la mer mineur en diable mais absolument charmant, qui débute comme un road movie de pacotille et se poursuit en apologie sensuelle du partage et de l'amour libre. Auteur du script en solo, ce dont il n'est pas coutumier, Leconte patine pourtant dans les premières bobines et peine à imposer un ton étrangement décalé. L'ouverture du film et un certain nombre de scènes font penser à un Bertrand Blier soft : dialogues volontairement à côté de la plaque, femmes considérées avant tout comme des objets de désir, lentes transhumances entre deux mondes au milieu d'étendues quasi désertiques... Clément Sibony et Nicolas Giraud semblent eux aussi peiner à trouver leurs marques dans ce petit univers.

Puis les héros prennent sérieusement la route, et le film séduit d'abord par son côté défouloir. Hurler du France Gall dans un camping car peut faire plus de bien que la plupart des thérapies... Le soleil est au rendez-vous, les étapes du trajet sont pittoresques et délicieuses, on mate la miss Lefèvre comme le font les deux frangins de héros, bref, la vie est assez belle. On n'imagine pas à quel point : bientôt, la séduisante Prudence choisit de ne pas choisir entre ces deux types qu'elle aime beaucoup et qui le lui rendent bien. S'engage alors une relation partagée, sans nuage, au cours de laquelle tous sembleront découvrir une sensualité à côté de laquelle ils avaient dû passer. Qui dit triangle amoureux dit forcément fin dramatique, et c'est là que Voir la mer achève de remporter la partie : comme Peindre ou faire l'amour en son temps, le film fait preuve d'un optimisme à toute épreuve et brandit fièrement une thèse selon laquelle cet amour à trois est possible et absolument viable. Une candeur jamais remise en question, qui met du baume au cœur et n'est pas loin de bouleverser.

Au contact de ses jeunes interprètes, lumineux et bien faits, Patrice Leconte semble avoir trouvé une vigueur nouvelle. Revoici le poète-bricoleur, désireux de filmer autrement, qui tente mille choses quitte à en rater cent (la séquence de l'énumération des spécialités régionales, images à l'appui, se viande copieusement mais on s'en fout). Pas loin d'être tombé amoureux de Pauline Lefèvre, délicieuse "fille aux cheveux courts" (titre de son premier roman car objet de sa fascination), il donne à voir des scènes d'amour d'une beauté absolue. Les héros se caressent, se goûtent, prennent le temps de s'aimer, le tout dans un silence quasi religieux. Leur cœur bat la chamade. Le nôtre aussi. Pour cette raison et bien d'autres encore, le générique de fin de Voir la mer arrive comme un déchirement, parce que l'histoire commune de ces trois jeunes gens est visiblement loin d'être terminée. Avoir pu passer une heure trente en leur compagnie relève déjà du privilège divin.



Voir la mer de Patrice Leconte. 1h31. Sortie : 04/05/2011.

3 commentaires sur “VOIR LA MER”

FredMJG a dit…

Ah oui ! toi aussi tu as remarqué ses gambettes à la mère Prudence... Étonnantes non ?

Pascale a dit…

'tain dans quel état elle nous l'a dit la Sauterelle !!!

Rob a dit…

Pfiou

 
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