2 mai 2011

Séances de rattrapage : LA BALLADE DE L'IMPOSSIBLE - NORWEGIAN WOOD / COUNTRY STRONG / BLOOD ISLAND (BEDEVILLED)

Deux sorties ciné à venir et un inédit DVD : trois raisons de faire la moue.

Ne pas confondre Ryu Murakami, prince des écrivains tokyoïtes, chantre d'une subversion non feinte, et son compatriote Haruki Murakami, romancier faisant rimer classique et ennui. Hélas, c'est le second que Tran Anh Hung a choisi d'adapter avec ce film aussi poussif et interminable que son double titre français. Résultat : un laborieux calvaire qui n'assume ni son évident classicisme ni ses influences chinoises, Wong Kar-Waï en tête. Confondant contemplation et pose, le cinéaste vietnamien ne tire rien de ses protagonistes, si ce n'est quelques bribes de réflexion sur la folie, la fascination morbide et surtout le sexe. Lorsqu'un personnage féminin s'interroge sur la condition de l'érection ou les conditions de la masturbation, on retrouve enfin une part de la moiteur qui avait fait de L'odeur de la papaye verte ou À la verticale de l'été des films intéressants à défaut d'être passionnants. Des rebonds bien trop éphémères, guère aidés par la morne bande originale de Jonny Greenwood.


Par essence, le chanteur de country est mystérieux, chaleureux, visage et coeur burinés par l'alcool et l'existence. Dernier exemple cinématographique en date, le très beau Crazy heart et le rédemption ratée de ce chanteur fourbu joué par Jeff Bridges. Aux antipodes de cela, il y a Country strong, faux drame indé probablement écrit avec beaucoup de sincérité, mais si grossier qu'il finit par verser dans le terrorisme sentimental. Prévisible de bout en bout, joué de façon consternante, le film multiplie les banalités et les traumas pré-fabriqués pour mieux exploser dans les dernières bobines. Là, le film de Shana Feste multiplie les fins (dix, peut-être quinze) jusqu'à trouver la plus putassière qui soit afin de tirer une petite larmichette à ses spectateurs les plus influençables, les mêmes qui trouveront jolie cette bande originale enrichie en mélasse. Racoleur, très hollywoodien, et au final juste gerbant.


Après avoir fait trembler Cannes en 2010 et Gérardmer en 2011, ce film de genre(s) coréen débarque directement en DVD. Est-ce si étonnant ? Pas vraiment, car ce Blood island polymorphe brille surtout par sa totale bâtardise. Débutant comme un drame social, le film évolue peu à peu vers une issue que l'on devine très sanglante, un personnage martyr finissant par prendre son destin en main pour châtier ses oppresseurs. Mais des ressorts psychologiques rouillés et une tendance à rabâcher chaque information jusqu'à plus soif transforment assez rapidement le film en un pénible chemin de croix. D'autant que la mise en scène, d'une rare incohérence, semble piocher aléatoirement vers différentes influences... Dès lors, l'éclatement d'hémoglobine tant attendu finit par laisser totalement indifférent. L'image finale, qui transforme un visage en île au gré d'un morphing abracadabrant, ne fait que confirmer le drôle de statut de ce film qui décontenance mais ne stimule jamais.



La ballade de l'impossible - Norwegian wood (Noruwei no more) de Tran Anh Hung. 2h13. Sortie : 04/05/2011.
Country strong de Shana Feste. 1h52. Sortie : 04/05/2011.
Blood island (Bedevilled) (Kim-bok-nam Sal-in-sa-eui Jeon-mal) de Jang Cheol-soo. 1h55. Sortie DVD : 03/05/2011. Places à gagner pour la soirée Panic ! Cinéma.

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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