17 mai 2011

[ACID 2011] RUE DES CITÉS

Ça commence avec un slammeur qui, quelque part entre Grand Corps Malade et un élève de cours préparatoire venu réciter un poème, enchaîne les lieux communs et les rimes attendues. Ça se poursuit avec une querelle familiale sur le thème « où t'as rangé mon t-shirt à manches longues », jouée de façon scolaire par des acteurs pétris de bonne volonté. Par la suite, Rue des cités aura beau explorer différentes pistes, tenter des choses et multiplier les protagonistes, il continuera lentement mais sûrement à se planter en beauté. Le film co-réalisé par Carine May et Hakim Zouhani prouve si besoin qu'un milliard de bonnes intentions ne remplacera jamais un peu de talent. On sent bien poindre dans le film un désir commun de dire son amour à une banlieue souvent maltraitée, mais ce pâle ersatz des films de Kechiche et Dridi n'est hélas pas à la hauteur de ses gentilles ambitions.

Avec son noir et blanc un peu tiède et ses acteurs clairement non professionnels, Rue des cités fleure l'amateurisme à chaque séquence, et ce jusque dans la façon dont il est construit. Se basant sur des envies de fiction, le film prend pourtant le temps d'intercaler les témoignages face caméra de vraies gens, à savoir les habitants de ces quartiers difficiles, qui en profitent pour exprimer leur nostalgie et leurs regrets. Mais plus que la relative banalité de leurs témoignages, c'est surtout le manque de pertinence du procédé qui frappe. Visiblement intégrées aléatoirement, ces vignettes candides ont hélas des allures de vaste remplissage. De même, la tentative de mise en abyme à base de film dans le film semble avoir été ajoutée pour justifier la piètre qualité des comédiens (dont le réalisateur dans le film souligne le manque de naturel) plus que pour créer quelque chose de véritablement cinématographique.

Rue des cités n'a rien d'un film détestable, c'est juste un film copieusement raté parce que dépourvu de style, d'idées neuves et surtout de cohérence. On veut bien croire à la passion de tous ces gens pour leur ville et leur quartier, mais celle-ci aurait sans doute été plus palpable si le tandem May - Zouhani s'était contenté de livrer un documentaire déclaration adressée en bonne et due forme à cette ville d'Aubervilliers dont les habitants ont sans doute mille histoires passionnantes à raconter.



Rue des cités de Carine May & Hakim Zouhani. 1h08. Fiche ACID.

12 commentaires sur “[ACID 2011] RUE DES CITÉS”

seid a dit…

Pourtant Michel Gondry, à la fin de la projection à Cannes a dit "j'ai pris une claque... je me fais tout petit là..."
Ah les goûts et les couleurs.

Stéphane a dit…

L'auteur de cet article a visiblement raté ce grand moment de Cinema. J'étais présent lors de la séance de 20h au Cinema les Arcades, salle pleine et très enthousiaste a l'issue de la projection. Et chose rare a Cannes, une grande partie du public est restée pour assister au débat.
Je ne comprends pas trop cette critique mais il est évident que Rob Gordon (très courageux d'ailleurs de signer ce papier sous un pseudo) ne connait rien aux banlieues. Je n'ai pas vu un film, qui traite de ces sujets, ou les acteurs soient aussi criants de vérité depuis "le thé au harem d'Archimede". On peut reprocher à "Rue des Cites" quelques faiblesses dans le scenario mais les bons comédiens, la belle photo, les prises de risque audacieuses pour alterner la fiction et le documentaire nous font oublier ça car le film dresse un vrai portrait, généreux, sur ces territoires et ses habitants. Ça reste pour moi l'un des meilleurs souvenirs de Cannes.

Rob a dit…

L'attaque sur l'anonymat st de trop, puisqu'il suffit d'aller dans la rubrique À propos où j'explique qui je suis.

Navré de ne pas avoir été sensible au film. Je le dis dans mon texte, je ne doute pas de la sincérité de ceux qui l'ont fait, et de la quantité de travail que ça a dû représenter, mais le film ne me parle absolument pas, voilà tout.

Andy a dit…

Je trouve votre critique très dur pour ce film. Je me trouver a la séance aussi de 20h et j'etait surpris par la prise de rieuse de mélanger une fiction et un documentaire donc je tiens a féliciter nos deux jeunes réalisateur. Je tiens aussi a féliciter les acteurs qui on réussi a créer un attachement.
Votre critique est constructif mais très sévère. Peut être vous n'aimez pas la banlieu? Je ne sais pas. Mais en tout cas j'ai vu un bon film français.
J'espère une bonne suite pour votre film.

Julie a dit…

INCONGRUE!!!!!!DEPLACEE!!!!!
Je me promène de blog en blog, et là, surprise, je tombe sur la critique plus qu'acerbe de ce monsieur qui, paraît il, travaille avec des adolescents dans "la vraie vie". Tout ce que vous avez JUGE, c'est le mot, est aux antipodes de ce que j'ai ressenti en voyant ce film. Je suis monteuse. j'ai plus de quarante de métier. Un tel film est un souffle nouveau, un élan, un bijou de cinéma... Vous y trouvez un manque de talent, de mon côté j'encense son réalisme, le naturel des comédiens, la nécessité des problématiques qu'il met en avant.. Ces deux réalisateurs ont ouvert une porte. Ils nous permettent de passer une journée avec une équipe de jeunes, avec leurs codes, leur errance. Il faut savoir jouer et accepter la critique, mais ici, il s'agit d'un règlement de comptes malheureusement vain et vide de sens, vous ne vous appuyez sur aucune exigence cinématographique, sur aucune once de sensibilité.
Si ce film ne vous parle pas, alors peut être laissez-le parler à d'autres et taisez-vous...

Je ne m'exprime jamais sur les blogs, mais encore une fois, étant présente ce soir là avec une amie, j'ai vécu un grand moment de cinéma... A croire que le sujet de la banlieue ne laisse décidément pas indifférent, et qu'il en met certains mal à l'aise.
Alors bon vent à Rue des cités, et comme l'ont déclamé à juste titre Michel GONDRY et Gilles PORTES : "Nous avons tous pris une claque!!!!! Et nous nous faisons désormais tout petits!!!!"
Que la belle équipe de jeunes conserve cette émulation et surtout continuent à s'inspirer de la sorte... Ils racontent la vie, tout simplement... Alors merci... Merci!!!!!

Solange a dit…

J'halluciiiiiiiiiiiiiiiiine!!!!!
Pourquoi tant de haine!!!!!!!!!!!!!
Ce film est fabuleux, j'étais avec ma fille ado, on est passées du rire aux larmes en une heure, on s'est attachées comme jamais aux perso....
Mais dans quel monde vit ce blogueur?
Peut-être a-t-il envie de faire mieux???!!! Qu'il fasse, qu'il fasse, et qu'il nous laisse savourer ces rendez vous, si rares...

Jason Fly Bibi a dit…

Woooww Wooow Wooow !!!!! Je reviens ce matin même de Cannes et j'ai eu la chance de voir le film "Rue des cités". Et franchement, j'ai bien kiffé.
Moi qui vit et travaille en banlieue, je me suis complètement reconnu dans ce film. Franchement, les inserts docus passent trop bien. Le fait de passer de la fiction (qui est déjà hyper réaliste) aux inserts docus donne une vision encore plus réelle!
Les comédiens, moi, je les trouve tout simplement naturels et c'est ça que j'adore dans ce film !
ça chambre grave, j'ai grave rigolé parce que j'me voyais dedans parmi eux!! Et c'est super rare quand on voit un film sur la banlieue où c'est aussi juste. En général, c'est trop cliché et on ne se reconnait pas!
Bravo à l'équipe du film et aux réalisateurs !

Bloom a dit…

Et moi qui pensais naïvement qu'on avait le droit d'avoir un avis personnel... Les arguments que prend la peine de développer le critique me semblent aussi recevables que le critère mentionné plus haut de l'émotion," du rire et des larmes." par ailleurs, le taf du critique n'est pas de faire mieux mais de commenter.... Étrange procès !

Anonyme a dit…

Rob...Drôle de pseudo. Vouloir assassiner un film indépendant avec le courage d'un blogueur frustré, prétendre être la science infuse avec des arguments techniques plus que fumeux...Vous n'empêcherez pas ce film authentique et très bien tenu formellement d'atteindre sa cible, celle du coeur et de l'intelligence. L'esthétique est bien au dessus de tout ce que l'on voit dans le cinéma français, le sens de l'espace nous rappelle en effet Mehdi Charef "le thé au harem d'Archimède" et bien sûr tout le néoréalisme italien, vous trouvez cliché le jeu des acteurs mais c'est que vous êtes certainement totalement extérieur à une langue, un vécu, une culture périphériques que vous ne connaissez pas et qu'au final vous méprisez du haut de votre tour d'ivoire (mais laquelle?). Votre texte exprime un malaise typiquement petit bourgeois de ne pas "en être", de ne pas comprendre les codes et les liens de ces personnages et des enjeux existentiels de cette population. Ce n'est pas grave, pour une fois qu'un film français aborde un milieu banlieusard avec une telle sensibilité et une telle proximité, ce qui vous dérange certainement c'est ce réel si bien rendu par les réalisateurs. Votre dégoût très tendancieux est finalement très jouissif, ce film est admirable, héroïque, drôle, généreux et VIVANT. Un nouveau cinéma émerge avec talent de nos Cités, à la marge et va conquérir les écrans de france, cela vous dérange, cela nous rend fiers et nous excite! VIVE RUE DES CITES !!! et Bravo à l'équipe !!! d'autres perles vont arriver ne vous inquiétez pas, ils perturberont vos synapses.
VIVE LE NOUVEAU CINEMA FRANCAIS !!!

Rob a dit…

Bientôt il y aura plus de commentateurs sous cette critique que de spectateurs dans la salle de l'ACID. C'est fou.

alazaiane a dit…

"un film copieusement raté parce que dépourvu de style, d'idées neuves et surtout de cohérence"

- le style est là : le petit garçon avec son vélo apporte de la poésie urbaine en plus du noir et blanc

-les idées neuves ? le mélange docu et fiction c'est quoi ?

- la cohérence ? l histoire part d'un reportage bidon réalisé dans un quartier d'Aubervilliers. L'histoire se déroule autour de ce quartier. Les inserts documentaires parlent de la vie dans une ville de banlieue comme Aubervilliers.

Que le film ne vous plaise pas, ok. Mais il y a une manière de le dire tout en respectant le travail des autres et de la personne :

"Ça commence avec un slammeur qui, quelque part entre Grand Corps Malade et un élève de cours préparatoire" bravo pour le raccourci que vous faites entre ce slameur qui fait référence à la culture de la banlieue et votre jugement sur son QI.

Le manque de respect flagrant qui transpire de votre critique fait qu'elle est inacceptable.

Gols a dit…

Eh bien, moi, je l'ai vu hier soir, et je vais me mettre du côté de l'auteur de cet article : pour les mêmes raisons que lui (auxquelles j'ajoute de vrais défauts d'écriture, les auteurs s'enferment dans de la fiction, alors qu'ils sont bien mailleurs dans l'immédiateté, le lacher-prise (cf la belle scène de dispute avec la mère)), je trouve ce film complètement raté. Sincère, frais, plein de bonnes intentions, mais raté... Un peu de soutien, donc, camarade bloggeur, au milieu des huées de vos commentateurs.

 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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