Cas épineux que celui de ce David Michôd, réalisateur d'Animal kingdom, actuellement au coeur du débat le plus fondamental de notre époque : pourquoi un accent circonflexe sur le o de Michôd et quelle peut bien être l'origine d'un tel patronyme ? D'emblée, on aurait volontiers penché pour l'hypothèse d'une nationalité suisse ou même d'une quelconque appartenance jurassienne, le tout porté par l'envie de laisser traîner assez longuement le fameux o comme le font les habitants de certaines régions de l'est de la France. Solution assez peu probable : ledit Michôd semble être un australien pur jus, fruit de deux des principales villes du pays, Sydney et Melbourne. Et pourquoi pas l'option "faute de frappe" ? Après tout, sur les claviers de type azerty, la touche sur laquelle figure l'accent circonflexe n'est guère éloignée de la touche o... Un rédacteur quelconque utilisant ce type de clavier aura fait preuve de maladresse et transformé un gentil petit o en ô, l'accent circonflexe fermement rivé sur sa voyelle, lui qui a si peu d'occasions de sortir le bout de son nez dans les pays anglophones...
Si ce fameux chapeau chinois revêt une importance absolument capitale, c'est parce qu'il constitue la grande singularité de ce réalisateur, pour ne pas dire la seule. Michôd orchestre un film bâtard, quelque part entre roman d'apprentissage et tragédie polardeuse "façon" Scorsese, pour atterrir au final dans une sorte de gigantesque no man's land assez ennuyeux. La façon dont le jeune réalisateur installe son héros adolescent au coeur d'une famille de petits et gros gangsters ressemble à la carte de visite d'un metteur en images appliqué et sûr de lui ; en revanche, on ne parvient jamais à partager réellement ses appréhensions à l'idée de devoir appartenir à une telle smala, lui qui vivait jusque là dans une tranquillité relative auprès de sa mère camée jusqu'à l'os. La famille Cody a beau être solidement interprétée, l'écriture désordonnée peine à en faire autre chose qu'une nouvelle famille Groseille armée jusqu'aux dents. De quoi rire jaune et s'attendre à quelques règlements de compte salés, voilà tout.
Résultat : le tiraillement du jeune Joshua, ado hésitant à affronter ceux qui l'accueillent sans sourciller pour aller enfin vivre une vie paisible, semble assez peu palpable. La réussite d'Animal kingdom est de montrer que ce môme, quoi qu'il fasse, est perdu. Offrir à un flic tenace (Guy Pearce, étrangement moustachu) un témoignage sur un plateau ou défendre bec et ongles l'honneur et l'intégrité du clan familial : tout finira par se payer. Une morale qui tourne hélas en boucle, tant ce film manquant de souffle finit par s'abîmer dans un cocktail redondant de violence mal contenue et de rebondissements surtout destinés à montrer la détresse psychologique du personnage principal. Ce royaume-là est animal, mais cette animalité ne se fait pas ressentir alors que sur le papier les personnages sont des prédateurs. Joshua, improbable accent circonflexe sur un o qui ne l'attendait pas, finira par se trouver une place au gré d'un parcours chaotique, certes, mais finalement assez prévisible, jalonné par une voix off aussi inutile que désagréable.
Animal kingdom de David Michôd. 1h52. Sortie : 27/04/2011.
Les Meurtres zen, Netflix
Il y a 17 heures
2 commentaires sur “ANIMAL KINGDOM”
Ben vlà que tu nous fais une fixette sur le nom des gens à présent !
Le délit de faciès n'est pas loin, fais gaffe mon gars !
Ah ah la belle parodie de film indépendant que voilà. Tout était forcé et très très creux psychologiquement parlant.
Des dialogues aux scènes téléphonées (au moment où un des frères prenaient de l'essence, j'ai parié 100$ qu'une voiture de flic allait arriver ; bingo), on peine à suivre la plongée du personnage principal dans ce "nouveau" monde. Il faut dire que son charisme d'huitre n'aide en rien.
Enfin j'aurai du t'écouter et ne pas me laisser avoir par l'emballement autour de ce Scorcese faussement indé et dénué d'idées.
3/10
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