
Polymorphe, le film se muera en drame, avant de livrer une conclusion sèche et inattendue qui permettra de revoir le tout comme une sorte de conte, avec ses personnages bien marqués et sa morale laconique mais pleine d'enseignements. Car la jeune fille blonde est évidemment singulière, mais pas au sens où certains réalisateurs grossiers ou patauds l'auraient entendu. Plus que jamais, Oliveira se fait fin, livrant une oeuvre qui l'air de rien possède plusieurs niveaux de lecture, et dont le faux rythme n'a pour une fois rien de soporifique. Même quand le héros s'attarde dans un club littéraire et se voit proposer une description méthodique des bibelots exposés, le temps mort créé n'est là - délibérément ou non - que pour créer une sorte d'attente insoutenable avant que ne démarre l'étape suivante du récit.
Car Singularités d'une jeune fille blonde a tout du film à suspense : le héros emballera-t-il la fille ? Parviendra-t-il à l'épouser ? Trouvera-t-il un job ? Finira-t-il à la rue ? Vivra-t-il heureux à jamais ? Sans ambages, de la façon la plus décontractée qui soit, le cinéaste centenaire nous embarque pendant une heure et ne nous lâche guère. Son récent Christophe Colomb : l'énigme s'apparentait à une longue séance de torture qu'il fallait supporter en souriant, comme une visite à la maison de retraite. S'il n'a certes pas la fougue d'un réalisateur de trente ans, Oliviera semble cette fois avoir arrêté le temps pour nous offrir cette petite curiosité qui comptera à coup sûr parmi ses meilleurs films.

Singularités d'une jeune fille blonde (Singularidades de uma rapariga loira) de Manoel de Oliveira. 1h03. Sortie : 02/09/2009.
Critique publiée sur Écran Large.
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