
Là où le style Bahrani fait la différence, c'est que Goodbye solo parvient à n'être ni un film social classique et déjà vu sur le sort peu enviable des immigrés et des seniors, ni le récit niais de la naissance d'une amitié, ni même une tragédie donnant envie de se tirer une balle à la sortie. Droit dans ses bottes, le cinéaste reste ancré dans la chronique réaliste et dresse le portrait de ces deux hommes aux trajectoires inversées, l'un pensant avoir atteint le bout du chemin quand l'autre espère n'en être qu'au début. Si Solo - le chauffeur de taxi - tente d'infiltrer l'existence du monsieur fatigué, nul ne dit qu'il parviendra à lui faire changer d'avis ou à lui apprendre quelque chose. Pour Bahrani, les rencontres peuvent être enrichissantes même lorsqu'elles semblent ne rien apporter de concret, ni modification de la personnalité, ni ouverture d'esprit. Constat un rien désabusé mais réellement convaincant.
Goodbye solo fonctionne également sur un petit suspense, jamais mis en valeur de façon éhontée mais toujours présent dans la tête du spectateur : au bout du compte, le vieux William mettra-t-il à exécution son plan suicidaire ? Ou reviendra-t-il à plus de raison, se raccrochant aux quelques êtres qui l'aiment et pour lesquels il doit sans doute éprouver un peu d'affection ? Se produit un nouveau miracle : si ce genre d'interrogation mène souvent à des conclusions exagérément tragiques ou scandaleusement édulcorées, Bahrani parvient une fois encore à trouver une voie différente, usant d'une infinie délicatesse pour nous mener vers des sommets, au propre comme au figuré. Il est toujours bouleversant de voir un grand cinéaste naître sous ses yeux.

Goodbye solo de Ramin Bahrani. 1h31. Sortie : 09/09/2009.
Critique publiée sur Écran Large. Autre critique sur Tadah ! Blog.
1 commentaire sur “GOODBYE SOLO”
Hélas, il n'est pas en vue chez moi... ni cette semaine, ni la prochaine...
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