
Il est possible d'être un peu paumé au début, de ne pas bien comprendre ce qui se trame à l'écran, de ne pas parvenir à répondre au basique « fiction ou réalité ? ». Mais, pour peu qu'on se laisse prendre au rythme languide mené par un Gomes sûr de son fait, ces questions sont bien vite effacées par un amusement permanent et une vraie fascination pour le curieux objet qui se construit devant nous. Il y a le caractère pittoresque de ce village que rien ou presque ne différencie des autres ; il y a la menace latente constituée par les feux de forêt ; et il y a ce type agaçant, double du cinéaste (et interprété par lui-même), qui n'en fait qu'à sa tête et s'interroge à demi-mots sur la nature de sa mission créatrice. Ce cocktail foisonnant est follement ludique et souvent excitant.
Tout serait parfait si Gomes n'avait tendance à diluer un peu trop l'essence de son film dans d'interminables captations de concerts. C'est le premier défaut du film, qui n'avait guère besoin de nous infliger une dizaine de chansons souvent mielleuses. En tranchant dans ces séquences, le film aurait pu être plus court et percutant ; en l'état, ses deux heures et demie paraissent manquer parfois de souffle alors que quelques coupes auraient facilement pu être effectuées. L'autre souci de Ce cher mois d'août (titre inspiré par l'une des chansons, justement), c'est qu'en fin de course il s'oriente un peu trop vers l'histoire dramatique du triangle incestueux et laisse un peu le reste en route. Comme si le cinéaste n'assumait pas totalement le côté "bordel organisé" des deux premières heures. Des réserves qui ne valent pas grand chose face à la passionnante proposition de cinéma que constitue ce film, qui place Miguel Gomes à hauteur des grands metteurs en scène portugais que sont João Pedro Rodrigues et João César Monteiro.

Ce cher mois d'août (Aquele querido mês de agosto) de Miguel Gomes. 2h30. Sortie : 17/06/2009.
Critique publiée sur Écran Large. Autre critique sur Le cahier critique.
2 commentaires sur “CE CHER MOIS D'AOÛT”
Moi au contraire, j'ai trouvé que Gomes s'intéressait trop au triangle amoureux et pas assez à la musique. Avec le recul, j'apprécie plus le film qu'au moment où je le regardais. Etrange.
Je partage cette dernière impression. Alors que Transformers 2, plus ça va, et plus je le déteste.
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