22 janv. 2008

LUST, CAUTION

Malgré l'émerveillement des bien-pensants et un Lion d'Or à Venise, il faut clamer haut et fort ce qu'il advient de Lust, caution : on tient là le moins bon film d'Ang Lee, et de loin, tant ce cinéaste imprévisible mais souvent convaincant semble ici à côté de ses pompes. Il n'y a à peu près rien à sauver de ce naufrage de 2h38 qui semble avoir été pondu par un étudiant en cinéma. Tout est sursignifiant, clicheteux, en toc. Rien ne touche, rien ne fascine, et seul l'ennui s'impose, tel une terrible chape de plomb.
Pour résumer, Lust, caution ressemble sur le papier à une version asiatique du somptueux Black book de Paul Verhoeven. Mêmes enjeux et mêmes thématiques, pour un résultat diamétralement opposé. Ang Lee foire consciencieusement chacun des aspects d'une intrigue qui aurait dû fasciner sous tous les plans. Le film à suspense, avec espionnage risqué et tentatives de meurtre? Raté. On ne tremblera jamais, la mayonnaise du thriller ne prenant définitivement pas. La romance torturée, avec espionne en herbe tombant peu à peu amoureuse du monstre qu'elle observe? Non plus, tant les stéréotypes affluent et l'harlequinisation prend de l'ampleur. Quant au film érotique promis, il constitue sans doute le pan le plus médiocre du film, avec ses scènes de baise (ne parlons pas d'amour) proprement consternantes. On pense à une version amateur de Basic instinct, autre grand film de Verhoeven dans lequel le réalisateur érigeait le sexe en révélateur de nos parts d'ombres les plus dissimulées.
La mise en scène paresseuse et désuète de Lee n'aidera pas vraiment à transcender un propos qui descend toujours plus bas dans le stéréotype et le déjà-vu. Le comble du comble est atteint à l'occasion d'une scène se déroulant dans une bijouterie, où la psychologie féminine est réduite à l'attrait pour les diamants et où Tony Leung, comme exaspéré par un personnage ni fait ni à faire, se met à grimacer sans raison, mettant à mal vingt ans d'une carrière élégante et flegmatique. C'est ce qu'on appelle un beau gros raté ; on fait confiance à Lee pour que cela ne soit qu'un accident de parcours.
2/10

4 commentaires sur “LUST, CAUTION”

Anonyme a dit…

Tout pareil mon gars.

Unknown a dit…

- ...on tient là le moins bon film d'Ang Lee, et de loin

Moins bon que Hulk ??


(bonne année, sinon)

Rob a dit…

Moins bon que Hulk. Si si.

BMR & MAM a dit…

Il est aussi une autre façon de lire le film, sans doute plus proche des romans d'Eileen Chang (Zhang Ailing en VO) : l'histoire d'un amour impossible auquel l'occupation de Shanghaï par les japonais n'offre que le décor. Ce n'est peut-être pas un film d'espionnage, ni un thriller, mais une tragédie amoureuse magnifiée par un émouvant duo d'acteurs Tony Leung et Tang Wei.
On y retourne la semaine prochaine !

 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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