L'Italie est décidément la reine des sagas politico-familiales. Mais si les réalisateurs transalpins effectuent souvent des carrières en dents de scie, deux metteurs en scène continuent à dépeindre leur pays avec une rare constance faite de rage et de tendresse. À ma gauche, Nanni Moretti ; à ma droite (mais à gauche quand même), Daniele Luchetti. C'est du second dont il s'agit ici : avec Mon frère est fils unique, il livre une chronique salvatrice sur l'opposition binaire entre le communisme et le nazisme, qui finit dans certains régimes par effectuer une (pas très) drôle de fusion. Ces deux courants sont représentés par deux frangins ayant emprunté des routes foncièrement différentes : l'un est un militant communiste qui met tout son coeur à défendre sa cause ; l'autre ne jure que par Mussolini et rêve d'une résurrection du Duce.
Ce qui différencie Mon frère est fils unique du reste des films du genre, c'est l'humour. En bon observateur, Luchetti croque les travers des deux frères et des idées qu'ils représentent, maniant avec habileté le comique de situation. Et parce que la politique passe au second plan lorsqu'il est question de filles, la chronique de la rivalité fraternelle finit par s'étendre au domaine sentimental. Pas de grande leçon de vie ni de morale pesante ; chacun a bien compris que les extrêmes, c'est mal (ceux qui n'en sont pas convaincus n'avaient qu'à ne pas aller voir le film). Daniele Luchetti dresse un portrait amer mais jamais désespéré d'un pays en crise perpétuelle, qui cherche à se démarquer des ombres de son passé mais n'y arrive jamais vraiment, se prenant régulièrement les pieds dans le tapis. C'est intelligent, drôle, caustique. Et même s'il lui manque un vrai souffle romanesque ou une dimension épique, Mon frère est fils unique s'impose sans mal comme le film italien de l'année.
7/10
Cat’s Eyes : bientôt une nouvelle série animée
Il y a 9 heures
Laissez le premier commentaire sur “MON FRÈRE EST FILS UNIQUE”
Enregistrer un commentaire