Que ceux qui attendent, la bave aux lèvres, voir un Erin Brockovich version Nespresso restent chez eux : Michael Clayton n'a pas grand rapport avec le film de Steven Soderbergh, ni avec aucune oeuvre à contenu judiciaire et/ou juridique. Scénariste futé de la trilogie Bourne, Tony Gilroy effectue des débuts pour le moins prometteurs derrière une caméra qu'il maîtrise fort bien. Il n'y a qu'à voir la scène d'ouverture, enchaînement de plans fixes désincarnés, complétés par la logorrhée d'une voix off désabusée. La force de Michael Clayton, c'est de partir d'un cas d'école (une vague histoire d'intoxication due aux pesticides) pour en faire un véritable drame humain, vu non pas sous le point de vue des victimes, mais sous celui des protagonistes de l'affaire, avocats, chefs d'entreprise et groupes de pression.
La faiblesse du film est sans doute son titre, puisque cohabitent de façon presque équitable plusieurs personnages. Le plus marquant d'entre eux est sans doute le personnage de Tom Wilkinson, avocat dépassé, tombé en plein délire (danser tout nu dans un parking, etc.). Ou la preuve que gagner beaucoup d'argent, transporter de gros dossiers dans le coffre de son cabriolet et avoir un joli bureau, c'est loin de faire le compte lors du bilan d'une vie aussi courte que frustrante. Enchaînant les grands moments de mise en scène (il y a notamment un plan fixe avec Wilkinson, à tomber par terre), Gilroy révèle un tempérament de metteur en scène exigeant et confirme son statut de scénariste hors pair, entrecroisant les destins de ses personnages avec une maîtrise rare, refusant les pièges du film choral et n'oubliant jamais de ménager un certain suspense. Soderbergh, producteur exécutif, peut aller se rhabiller. Quant à Alan J. Pakula, là où il est, il peut dormir tranquille : le metteur en scène des Hommes du président a enfin trouvé son successeur.
8/10
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