Depuis l'étonnant succès de Western, le cinéma de Manuel Poirier avait un peu tendance à s'étioler, à tourner en boucle au rythme de l'éternelle rengaine "la vie ne vaut rien, rien ne vaut la vie". Ce n'est pas que La maison offre un virage à 180 degrés dans la filmographie du réalisateur ; cependant, grâce à un ton salement désabusé et à une intrigue plus fouillée que d'habitude (tout est relatif), Poirier parvient à nous offrir autre chose qu'un film simplement sympathique.
Les complaintes mélancoliques de Lhasa ponctuent un film terriblement bluesy, où les êtres sont seuls même quand ils prennent des cuites entre amis. À quoi se raccrocher quand sa vie est un train-train bien trop réglé ? À une masure imposante et rustique, vendue bon gré mal gré par deux soeurs endettées, qui déchaîne les passions et les fantasmes de vie rurale. Quelques grosses ficelles de scénario (l'incontestable talon d'Achille du film) pousseront bientôt le héros (Sergi Lopez, au meilleur de lui-même) dans les bras de l'une des deux femmes ; amour et argent vont alors se mélanger dangereusement. Poirier ne se pose jamais en donneur de leçons, préférant le statut d'observateur détaché de ces personnages vides en quête de contenu.
Il y a une poignée de scènes terribles dans La maison, dont une vente aux enchères à la fois pathétique et captivante ; mais également bien trop de séquences inutiles (dont celles avec Bruno Salomone, qui n'a pourtant rien à se reprocher en se montrant convaincant du début à la fin). Une alternance de bon et de moins bon qui laisse un léger goût d'inachevé. Reste l'excellente surprise de constater que le film s'accroche à vous bien après le générique de fin, ce qui prouve que Manuel Poirier a plutôt réussi son coup.
7/10
(également publié sur Écran Large)
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