17 sept. 2007

28 SEMAINES PLUS TARD

Une Angleterre en forme de no man's land, dévastée par un virus zombie : tel était le décor de 28 jours plus tard, errance cahotique au pays des morts-vivants, hommage et coup de jeune offert par Danny Boyle et Alex Garland aux films de George Romero. Il n'était pas illogique que cette brillante relecture donne naissance à une suite. Si un nouveau départ semblait possible pour Cillian Murphy et les quelques survivants qui l'entourent, rien dans le film de Boyle ne donnait de précisions sur le destin du reste du monde. C'est de là que part 28 semaines plus tard : voir comment, ailleurs sur la planète (et d'abord en Grande-Bretagne), s'organise la résistance et la reconstruction d'un univers dévasté.
Après l'intrigant Intacto, Juan Carlos Fresnadillo effectue ses premiers pas hors de son Espagne natale et fait preuve d'une certaine assurance dans sa façon d'aborder le film. L'introduction de 28 semaines plus tard est un hors d'oeuvre alléchant : le metteur en scène nous plonge au coeur d'un drame humain, terrifiant aussi bien par la promiscuité permanente du danger zombie que par l'incertitude totale de pouvoir retrouver un jour un semblant de quiétude. Le père de famille interprété par Robert Carlyle est le parfait représentant de cette angoisse multiple. La caméra bouge dans tous les sens, la tension est palpable, et puis... et puis plus rien.
Car passé ce prologue réussi, la suite de 28 semaines plus tard ne parvient à susciter que l'indifférence la plus totale. Assez inexplicable, car tous les ingrédients étaient là pour assurer le succès artistique d'un tel film. Pourtant, il y a de quoi tiquer, tant sur le fond que sur la forme. Côté mise en scène, Fresnadillo confond souvent vitesse et précipitation, multipliant les mouvements de caméra nauséeux et abscons, liant le tout avec un montage parkinsonien à faire frémir Michael Bay d'envie. Résultat : les scènes potentiellement intéressantes sont souvent gâchées par cette envie trop marquée d'en mettre plein les yeux et de remuer les tripes du spectateur. Entre deux moments de bravoure, le réalisateur ne s'encombre guère, multipliant les plans aériens inutiles sur la ville déserte (façon de dire : vous avez vu comme c'est dur de recréer le no man's land en plein milieu de l'Angleterre?), et souhaite visiblement rentabiliser le thème musical du film, l'utilisant à toutes les sauces dès qu'il souhaite renforcer un aspect dramatique.
Il y a également beaucoup à redire sur le fond, le pourtant rigoureux Alex Garland multipliant les énormités scénaristiques. Un exemple parmi tant d'autres : dans la communauté résistante dirigée d'une main de fer par l'armée anglaise, le plus petit électricien a droit à un joli petit badge pour accéder aux laboratoires les plus dangereux, pendant que ses deux mioches se promènent dans une zone interdite sans que personne ne vienne leur dire quoi que ce soit (ou alors trop tard). C'est au rythme de ces incongruités que 28 semaines plus tard déroule une intrigue plutôt classique et qui joue sur trop de tableaux en même temps, se voulant à la fois philosophique, émouvant et terrifiant. À force de viser dans toutes les directions, on finit par n'atteindre aucune cible, et c'est malheureusement ce qui arrive à un film étonnament décevant, qui ne soulève le coeur qu'à de rares endroits. La conclusion, pour le moins gratinée, risque de provoquer quelques fous rires, notamment dans les salles françaises ; en prêtant l'oreille, on entendra également quelques rires nerveux, émis à l'idée que cette fin ô combien ouverte ne sonne le coup d'envoi d'un troisième volet que l'on devine déjà dispensable.
4/10

5 commentaires sur “28 SEMAINES PLUS TARD”

Vince a dit…

Avez-vous réellement regardé le film ? Parce que rien qu'à la lecture de votre exemple de scénario, on se le demande... C'est l'armée américaine et non anglaise qui dirige la ville en reconstruction, et Robert Carlyle n'est pas un simple petit électricien.

Je trouve le film parfaitement construit et très loin des autres productions zombiesques. Partant sur une intro saisissante d'émotions, le film continue sur une note d'ironie dramatique montrant juste ce qu'il faut de sang et sans s'attarder sur des scènes inutiles de blabla.
La fin ouverte n'est qu'une autre ironie...
L'OST est merveilleuse, elle apporte au film une dimension de désespoir que peu de films zombiesques apportent.
S'il vous plaît, regardez les films au lieu de simplement les voir...
Merci.

Mat a dit…

euh...je ne sais pas si vous avez vraiment été regardé ce film, où si vouv vous êtes planté de séance en allant le voir au cinéma (ou planté de DvD). J'ai l'impression que vous confondez les navets avec les films qui essayent de faire un peu "preuve d'originalité" (je m'explique).
Si on compare ce film avec certains navets pour adolescents style "house of the dead" ou "resident evil" (mon avis n'engage que moi :), on s'aperçoit que 28 semaines plus tard sort de la trame classique du film de zombies où "les monstres bouffent les gentils sans aucune trame scénaristique". certes le film est plus brouillon que son prédécesseur, mais on arrive à remarquer l'histoire de robert carlyle et de sa famille, essayant de survivre tout le long du film et de rester souder (malgré la transformation du père): Nan, le scénario n'est pas vide de sens et ce film reste malgré tout dans la même trame que le premier opus nous décrivant une psychologie des personnages assez intéressante.

Le réalisateur, par ses mouvements de caméras nauséux comme vous dites si bien, a sdimplement essayé de rendre compte de la panique dans ce genre de situation (comme dans le premier, revisionnez le s'il vous plait): on fait avec les moyens du bord pour faire un bon film.

En parlant de la musique, il est vrai qu'elle est identique premier et aurait pu être rénovée, mais je suis d'accord avec Vince pour dire qu'elle apporte une dimension angoissante à ce film: regardez les films de georges romero et vous constaterez que certains réalisateurs de nos jours essayent d'êtres dans sa lignée en donnant une nouvelle dimension à la peur (ce^pendant, je ne parle pas des films mettant de la techno ou autre musique psychédélique dans leurs scènes d'actions...).

Le point ou je trouve votre article totalement aberrant est quand vous nous parlez du scénario et de la fin du film dans la foulée: 1/ce n'est pas un électricien mais un "concierge" nécessaire pour la vie de la cité...DONC c'est normal qu'il est un passe, 2/ si vous ne pouvez pas voir que la fin est simplement une ironie et que cela aurait pu être n'importe quel pays, alors vous n'avez vraiment rien compris au film et vous feriez mieux de passser critique culinaire...Les films de zombies ne se prennent jamais au sérieux et quand ils ont un scénario correct, ils essayent juste d'apporter une touche d'humour.

SVP, revoyez ce film...merci

Unknown a dit…

Je trouve le scénario très bien fait, l'histoire est captivante je ne me suis jamais lassé pendant ce film bien au contraire, c'est peut-être dû au fait que je n'avais pas dans l'idée de chercher la petite bête. Je retient les côté humaniste de ce film, lâcheté, altruiste et anarchiste.

zaboon a dit…

Mort de rire bonhomme tu a du te tromper de film ! C'est un des meilleurs scénario de film catastrophe ! A mon avis tu a du voir une parodie, ta critique est lamentable.

Unknown a dit…

Bon c'est vrai que c'est pas le film du siècle mais ils ont eu le mérite de faire des efforts d'originalité.
Le début est vraiment très bien après ça se gate vers le milieu : c'est vrai qu'en tant que concierge il a le droit d'avoir un pass mais de là à pouvoir ouvrir n'importe quelle porte même hautement sécurisée sans rencontrer 1 seul garde...
Et pour ce qui est de la fin cela n'aurait pas put être n'importe quel autre pays que la France : les zombies ont traversé le tunnel sous la Manche comme on le voit un peu avant la fin du film et finissent donc logiquement à Paris !

 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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