Hormis son (mauvais) segment vampirique dans le récent Paris je t'aime, Vincenzo Natali n'avait plus donné signe de vie depuis l'étonnant Cypher en 2002. Entre deux projets avortés (dont un film de super-héros s'inspirant de Watchmen), le Canadien est retourné au pays en 2003 pour y réaliser ce Nothing plus étrange que réussi, qui aura mis quatre ans à débarquer sur nos écrans. Le principe est simple : détestant cordialement le monde qui les entoure, deux asociaux parviennent à le faire disparaître, et se retrouvent seuls et enfin tranquilles dans cet univers si proche du néant. Blanc, mou et insipide comme un gros morceau de tofu, ce monde de rien leur donne l'occasion de faire le point sur la condition d'être humain.
Il y avait dans ce pitch quelque chose de beckettien : placer deux hommes au milieu de nulle part et les laisser débiter un discours absurde et désespéré. Plus à l'aise avec le film de genre, Natali et ses comédiens-scénaristes en ont fait une sorte de comédie plus potache qu'existentialiste, où l'avenir du monde se décide aux jeux vidéo et où le sol spongieux est propice aux cabrioles. D'où un film qui lorgne presque plus vers les Farrelly que vers Gus Van Sant, ce qui ne serait pas bien grave si tout ceci était vraiment drôle. Mais non : pauvre en gags et en situations comiques, Nothing s'essouffle très rapidement, peu aidé par un duo d'acteurs pour le moins navrant.
Vers la fin du film, Natali reprend du poil de la bête et se livre à un jeu de massacre pas vraiment imaginatif mais en tout cas assez délirant. Les dix dernières minutes du film auraient fait, à n'en pas douter, un savoureux court métrage. Las : Nothing dure bel et bien une longue heure et demie, soit bien assez de temps pour réciter quelques prières afin que Vincenzo Natali revienne vite à des projets plus solides.
4/10
(également publié sur Écran Large)
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