C'est vrai que vu du dessous, on dirait une pieuvre qui fait sa gymnastique, ce ballet de nageuses qui ondulent de façon synchronisée. À l'autre bout de chaque paire de tentacules, une jeune fille en train de se construire. C'est notamment l'une d'elles qu'a choisi Céline Sciamma pour son Naissance des pieuvres, drame adolescent autour de la découverte du sexe (et de ce qui va avec). Rien n'est facile, tout est trouble, et la mise en scène de la réalisatrice colle parfaitement à cet état d'incertitude permanente, où oui veut dire non et vice-versa. Il y a des scènes juste magnifiques, qui mettent parfaitement en lumière le flottement qui s'opère lors du passage d'un état à un autre. De la petite fille à la femme. De la chasseuse à la proie.
Naissance des pieuvres souffre malheureusement du fameux "syndrome du premier long", celui qui pousse les jeunes metteurs en scène à tout mettre dans leur premier film. Très vite, on croule sous l'excès de symbolisme (crachats en tous genres, symboles phalliques, hésitations à se jeter à l'eau). Sous les petits tics auteurisants, avec direction d'actrices bancale pour ne rien arranger. Finalement, à trop jouer la carte de la singularité, Naissance des pieuvres et ses héroïnes subissent le même sort, devenant terriblement prévisibles. Et que l'ensemble soit d'une vraie beauté formelle (la scène finale est à tomber) n'y change pas grand chose : étouffée par sa jolie technique, piégée par son sens de la psychologie, elle a juste oublié de mettre dans son film quelques louches d'elle-même. À la prochaine.
6/10
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