18 juin 2007

JESUS CAMP

Ils ont huit, dix, douze ans, et ce sont déjà des soldats de Dieu. Aucune arme à feu entre les mains, juste une croyance inébranlable et un désir propagandesque de convertir leur pays (United states of America, là où l'État et le religion sont si peu séparés). À l'occasion d'un camp d'été destiné à leur apprendre comment vivre avec Dieu et comment l'offrir aux autres, Heidi Ewing et Rachel Grady ont suivi quelques-unes de ces jeunes pousses. Et le constat est effrayant.
C'est sûr que leurs chemises sont bien repassées, leurs dents bien propres et leurs devoirs bien faits. Mais ces enfants-là sont plus terrifiants qu'une armée de zombie. Dotés d'un stupéfiant pouvoir de réflexion et d'un sens inné de la rhétorique, ils expliquent avec fierté pourquoi ceux qui n'aiment pas Dieu sont des cons, pourquoi l'évangélisme nous sauvera tous, pourquoi Bush est grand. Obnubilés par Dieu, éblouis par son aura, ils avancent dans la vie avec pour seule ambition celle d'aller au paradis. Pour cela, ils vont vivre leur foi jusqu'au bout avec une rigueur assez stupéfiante. Pas de Harry Potter car les sorciers doivent être passés au bûcher. L'école à la maison pour rester dans le cadre familial et ne pas avoir à apprendre des notions comme le darwinisme. La liste est longue comme le bras ; et ceux qui appliquent ces règles, qu'ils soient prêcheurs, parents ou enfants, les justifient avec un détachement qui laisse pantois. Ce qui frappe, c'est qu'on n'a presque jamais l'impression de se trouver nez à nez avec des personnes manipulées et sans conscience de ce qui se produit autour d'eux. Au contraire, les personnages centraux de Jesus camp rivalisent d'intelligence. Une intelligence mal utilisée, passablement intégriste et dangereuse, et un mode de pensée qui se répand comme la peste.
La bonne idée du film, c'est d'avoir évité la voix-off au profit du commentaire on air de l'animateur d'une émission de radio consacrée à la religion catholique. Un homme fermement croyant, mais encore plus opposé à la pratique de la religion telle qu'elle est conçue par ceux qui participent et font ces camps. Un détachement louable et nécessaire, qui fait de Jesus camp un constat édifiant sur les dangers d'une religion mise sur un piédestal par rapport à ses voisines.
8/10

1 commentaire sur “JESUS CAMP”

Anonyme a dit…

Je ne suis pas trop d'accord quand vous dites qu'on voit dans ce reportage l'intelligence des enfants. Si ceux ci semblent être doués d'une certaine aisance d'esprit permettant pour certains de prêcher comme des adultes, on se rend compte quand même dans le discours qu'il est totalement calqué sur celui de leurs ainés. Les enfants ne sont pas baillonés physiquement, mais leur quotidien, leurs pensées, leurs loisirs sont entièrement tournés vers la foi des adultes. On voit une famille qui refuse l'école conventionnelle, on invite les enfants à se repentir d'on ne sait quelles fautes dans un atmosphère de terreur morale qui fait peur et dans une orgie de larmes. L'orgueil des enfants est cultivé à l'extrême, on leur serine à longueur de temps qu'ils sont la génération élue, ce qu'ils finissent pas croire (cf l'enfant prêcheur très investi dans son rôle). Ce n'est pas un culte à l'intelligence, c'est un lavage de cerveaux pur et simple, un peuple d'enfants qui répète avec dévotion les paroles enseignées par les adultes (parents et prêtres), un peuple d'enfants bouffi d'orgueil.

 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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