7 juin 2007

BOULEVARD DE LA MORT - UN FILM GRINDHOUSE

On l'attendait évidemment comme le Messie, l'étiquette "culte" y avait été apposée avant même la sortie… Boulevard de la mort n'avait donc pas droit à l'erreur. La qualité première du film, c'est qu'il est empreint du style de Quentin Tarantino. Le problème, c'est qu'il s'agit également de son plus gros défaut.
Il n'y a quasiment rien à redire sur la sincérité et la réussite de l'hommage rendu par QT aux séries B du samedi soir (l'objectif du "diptyque" Grindhouse) : le rendu de l'image est conforme (montage haché, sautes de bobines, passage au noir et blanc), l'histoire est aussi sommaire (et le "The end" aussi mal placé)… Tarantino sait visiblement de quoi il parle, et il n'y avait pas trop de souci à se faire là-dessus. Seulement voilà : il n'a pas résisté à ses envies de tarantiser les choses.
Boulevard de la mort est un film bavard jusqu'à l'écoeurement, comme si la scène d'exposition de Reservoir dogs avait duré deux heures. Les deux parties du film sont construites de la même manière : d'abord une cinquantaine de minutes de dialogues entre filles, puis plus ou moins dix minutes d'action qui saigne. Il ne fallait bien sûr pas s'attendre à un slasher lambda (cela aurait été vraiment décevant), mais il y a de quoi être déçu par le manque d'audace visuelle de ce beau parleur de Tarantino. De plus, si les dialogues de Reservoir dogs ou Pulp fiction sont devenus universellement cultes, ceux de Boulevard de la mort sont principalement ennuyeux. Des discussions de filles au sens le plus cliché du terme, des références aux propres films de Tarantino, et à peine quelques friandises.
Au demeurant, le film reste très fréquentable. D'abord grâce à l'abattage des comédiens : pas assez exploité, Kurt Russell tire le meilleur de son Stuntman Mike, entouré par une bande de filles aussi sexy que rigolotes. Et puis Tarantino est un malin : il conclut son film par une poursuite automobile pour le moins grisante, qui réveille l'intérêt du spectateur et conclut en beauté ce joli hommage trop long pour être pleinement convaincant. On demande à voir la version américaine, plus courte d'une demi-heure…
6/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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