Drôle de film. On a beau être prévenu, cette captation fantasmée du moment où Diane Arbus est devenue la photographe que l'on connaît (enfin, soyons francs, avant que le film ne se monte, j'ignorais son existence) est forcément déstabilisante. Après un générique tout poilu, tout bizarre, Fur raconte comment une jeune femme bien sous tous rapports (ou presque) va se sentir irrésistiblement attirée par un voisin atteint d'une maladie qui rend son système pileux surdéveloppé (et omniprésent). Étrange? Oui, mais pas autant que le film.
Si Fur fait inévitablement penser à une nouvelle version de La belle et la bête, il s'agit plutôt pour Steven Shainberg de renouer avec l'histoire qu'il contait dans La secrétaire : comment une femme, perturbée alors qu'elle a "tout pour être heureuse" va se transformer au contact d'un homme complètement en marge, délaissant alors celui qu'une société morale lui avait attribué. Le problème, c'est que si dans La secrétaire, ce parcours était semé d'accidents, de surprises et de tête-à-queue, le scénario de Fur est beaucoup plus linéaire, presque bien pensant. La coincée va s'attendrir peu à peu au contact du yéti humain, jusqu'à s'ouvrir au monde et recueillir tous les freaks possibles (les freaks, c'est chic), avant de découvrir l'amouuuur au contact de l'homme qui se cachait sous la bête.
Alors malgré un traitement original et une mise en scène vraiment particulière, en dépit des efforts de Nicole Kidman pour retirer le balai qu'elle a probablement dans le vous-m'avez-compris, et même si Robert Downey Jr est un très grand acteur, cette sauce bizarre et pleine de poils ne prend jamais vraiment. Il n'empêche que Steven Shainberg, avec ses obsessions tordues et son style venu d'ailleurs, est définitivement un réalisateur à suivre.
5/10
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