10 janv. 2007

LE VIOLON

Bienvenue au Mexique. Sa nourriture épicée, ses sombreros, sa guerilla. Les premières images sont terribles : en plan fixe, noir et blanc charbonneux, on menace, on torture, on viole. La pitié n'est pas de mise. Mais le film s'adoucit aussitôt : après ce début choc, Francisco Vargas se tourne vers la fable politico-naïve pour mieux montrer l'absurdité de cette guéguerre. SOn héros est un très vieux monsieur, Don Plutarco, qui copine avec un colonel, lui joue du violon, promet de lui apprendre. Tout cela pour mieux le tromper et lui voler des munitions.
Sur un rythme lent mais pas vraiment contemplatif, Vargas livre un film bourré d'images magnifiques et de scènes intenses. On pense souvent à Soy Cuba, même si jamais Le violon n'atteint la perfection esthétique et la virtuosité narrative du film de Kalatozov. Il y a également du Loach chez Vargas ; mais un Loach moins militant, plus tendre avec ses personnages. Avec sa main amputée, Don Plutarco ne sort plus guère de jolies notes de son violon. C'est à la fois un gag implicite et une sorte de cri de désespoir : à l'image du héros, le Mexique n'aurait-il pas perdu tout ce pour quoi il était doué?
La fin du Violon, cruelle et amère, poursuit dans cette voie. Et confirme que Francisco Vargas, s'il ne brûle pas les étapes (en suivant par exemple ses congénères mexicains de l'autre côté de la frontière), est un jeune réalisateur à suivre.
6/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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