
L'innovation suprême de Babel, c'est son côté cosmopolite, universel, un brassage de cultures et de langages censé démontrer des choses belles et nobles comme "jaune, blanc ou gris, l'homme est d'abord un homme" ou "où qu'on naisse, on est égaux devant l'injustice" (baillements). Dans quatre pays différents (USA, Mexique, Japon, Maroc), des histoires pas très gaies se croisent, s'entrecroisent et se répondent. Ou plutôt devraient se répondre, puisque le seul bruit renvoyé par chacun des segments du film est son propre écho. Croyant que son joli grain d'image et son sens du concept le dispensent de se munir d'une bonne histoire (atout majeur de 21 grammes et Amours chiennes), Inarritu se contente d'empiler les séquences sans âme à l'aide d'un montage téléphoné et horripilant, jouant sans nuance sur les contrastes binaires (passage d'un silence total à un gigantesque barouf, d'un pauvre petit Marocain à un jeune amerloque bien riche, et ainsi de suite pendant 2h20). De temps à autres il y a bien une séquence pour redonner un peu de vie à l'ensemble. Mais la torpeur revient aussi sec. Inarritu n'a ici rien à raconter et pas grand chose à dire (que des stéréotypes, à l'image de son titre trop lourd pour ses petites épaules). En fait, Babel ressemble à une sorte d'auto-parodie de la part du cinéaste mexicain, qui se débarrasse tout net des espoirs placés en lui pour devenir une sorte de prophète tout bidon, comme si Claude Lelouch commettait un nouveau film pour promouvoir l'espéranto. C'est dire comme tout ceci est triste.
3/10
2 commentaires sur “BABEL”
Il t'arrive d'avoir tort.
Faudra m'expliquer l'intérêt de ce genre de film, parce que le coup des histoires imbriquées (même en mode "tour du monde") ne suffit plus pour faire un film original je pense...
A+
Boki
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