Nul besoin de revenir sur l'affaire Jean-Claude Brisseau : de toute façon, selon l'intéressé, Les anges exterminateurs n'a que très peu de rapport avec sa propre histoire. Qu'il nous soit permis de pouffer : le film conte l'histoire d'un type qui finit par avoir des emmerdes à force de demander à des filles de se caresser face caméra pour savoir si elles ont un quelconque talent d'actrice, une propension à incarner la volupté à l'écran, bref, à faire bander. Il faut espérer pour Brisseau que son film ne soit pas un plaidoyer en faveur de la liberté des cinéastes, auquel cas il se condamnerait presque lui-même. Certes, son héros est un type irréprochable qui ne touche aucune de ses actrices, mais il semble tout de même prendre un malin plaisir à répéter les scènes pendant des heures. D'un autre côté, Brisseau se donne franchement trop le beau rôle : son metteur en scène est un type bourré de charme dont certaines actrices vont jusqu'à tomber amoureuses. Qui connaît Brisseau, sorte de Jean-Pierre Castaldi redessiné par Vuillemin, sait que c'est assez peu probable. De plus, le film conduit forcément à l'amalgame, puisque la voix off qui épouse le point de vue du metteur en scène (Frédéric Van Der Driessche) n'est pas exécutée par le comédien, mais par Brisseau lui-même! Si ce n'est pas prendre le spectateur pour un abruti, ça y ressemble.
En fait, Les anges exterminateurs semble être le récit de la vie fantasmée de Jean-Claude Brisseau. Un monde où, en effet, de jolies filles se caresseraient rien que pour lui, mais où en plus, il serait beau, bourré de moralité, et follement excitant. Mouais. C'est en tout cas la seule hypothèse plausaible que l'on peut faire à propos du film, le contenu étant aussi vide que possible. En gros, ça ressemble à un film érotique du dimanche soir. En mieux éclairé, certes. En plus excitant aussi (les scènes érotiques sont la grande réussite du film et provoquent un trouble certain dans le bas-ventre). Et comme sur M6, les scènes de coucheries sont entrecoupées de dialogues insipides et plats, juste destinés à faire du remplissage. Ah oui, et il y a un aspect surréaliste qui va d'une mamie morte en costume ridicule à deux filles qui apparaissent et disparaissent à volonté, en passant par des phrases non-sensiques débitées comme sur une radio-libre de la Grande Guerre. Et puis ce titre, insultant pour Bunuel, qui n'a pu être choisi que pour montrer que le film est à classer au rayon "auteurs", pas au rayon "érotique". Heureusement que Brisseau ne l'a pas appelé "Perversions nocturnes" ou "Plaisirs interdits", sinon on aurait vraiment pu confondre.
3/10
DIAMANT BRUT
Il y a 6 heures
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