21 févr. 2006

LE NOUVEAU MONDE

Le nouveau monde de Terrence Malick a une autre gueule que celui d'Alain Corneau, et c'est déjà ça de pris. Au programme : des images d'une esthétique à couper le souffle, en grande quantité. Un montage admirable de beauté et d'intelligence (un ami lyonnais me disait, à raison, que Malick compte sur les capacités intellectuelles du spectateur en ne lui montrant qu'un plan d'une seconde là où d'autres auraient pris un quart d'heure). Le nouveau monde est un voyage sensoriel exaltant et inquiétant, comme si Van Sant et Kubrick ne faisaient qu'un. Le seul problème du film, en fait, c'est sans doute qu'il a un scénario. Pas dégueu, le scénar, d'ailleurs. Touffu, rythmé (un rythme bizarre mais volontaire, véritablement malickien), brassant des thèmes forts et des scènes d'une grande puissance esthétique et émotionnelle. Mais voilà : trop de voix off et de monologues intérieurs viennent casser toute cette belle imagerie. On a envie de dire à Malick de poser sa plume, de fermer sa gueule, et de continuer à filmer, encore et encore, pendant des heures, le bruissement des arbres, les reflets sur l'eau, les ombres sur un mur, les yeux des amoureux... C'est bête à dire, mais Malick filme presque trop bien pour pouvoir raconter une bonne histoire. Alors on se coupe de l'intrigue, et on goûte de son mieux à ces images et à ces sons (malgré la musique de James Horner, qui ne fait plus rien de bien depuis dix ans, comme dit mon ami lyonnais) au détriment de tout le reste. Du coup, quand le film débarque en Angleterre, que les paysages se font moins admirables, que la grisaille semble être une moins grande source d'inspiration pour Malick, on écoute enfin ce que le film a à dire. Cette dernière partie, si elle peut sembler plus ennuyeuse, moins enthousiasmante, aurait au contraire tendance à sauver le film, lui donnant un véritable sens. Les acteurs? Oh, ils sont très bien. Mais on s'en fout un peu. Là où Malick passe, rien ne repousse. On ne voit que lui. Et c'est tant mieux. Mais c'est dommage.
7/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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